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lundi, 10 décembre 2007
Des bactéries sous-marines à l'origine du réchauffement?
A l'heure où le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) reconnait que l'essentiel de l'accroissement constaté de la température moyenne de la planète depuis le milieu du 20e siècle est "très vraisemblablement" dû à l'augmentation observée des gaz à effet de serre émis par l'homme (+de 90% de certitude contre 66% en 2001), une étude totalement à contresens suscite une énorme polémique. En effet, les recherches dirigées par Daniel Klein, de l’Université de l’Arizona, ont indiqué que le méthane émis par des bactéries sous-marines jusqu’ici indétectées serait responsable de la hausse des gaz à effet de serre des 140 dernières années, rendant insignifiant le rôle des émissions industrielles. Ces résultats balayent le concensus international sur la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique. L’étude a été publiée le 3 novembre 2007 dans le Journal of Geoclimatic Studies, édité par l’Université d’Okinawa, au Japon. L'article est disponible en .pdf à cette adresse.
Il va sans dire que les (rares) défenseurs de la théorie du réchauffement non imputable aux activités humaines (dont Claude Allègre est la figure de proue en France) se sont emparés de l'étude pour alimenter leurs (contre)-preuves. Ainsi, Rush Limbaugh, ex-politicien de droite et animateur ultra-conservateur d’une émission de radio très populaire a immédiatement relayé ces résultats, suivi par des centaines de stations à travers les États-Unis (soit quelques 20 millions d’auditeurs).
J'aurais pu sauter en l'air quand on a connaissance des milliers de publications qui soutiennent les conclusions du GIEC (contre une poignée pour la théorie inverse)! Mais en fait... il se trouve que le Journal of Geoclimatic Studies n’existe pas, tout comme les chercheurs qui ont signé l’article ou l’Université d’Okinawa.
Ce canular (car c'est bien de cela dont il s'agit) est l'initiative de David Thorpe, consultant en environnement et auteurs de nombreux articles et ouvrages dédiés. Après avoir créé un site web (qui ne fonctionne plus à présent) et rédigé un article en accès libre, l'objectif était de suivre l'évolution du "bouche à oreille" et la façon dont un article totalement faux pouvait être repris sur internet par des adeptes d'une théorie où les "preuves" sont extrêmement rares. Bien sûr, les "écolo" peuvent en faire de même. Sauf que les recherches soutenant les conclusions du GIEC sont tellement nombreuses, que s'appuyer sur une étude émanant d'un journal et de chercheurs inconnus ne risque qu'une diffusion très faible.
C'est ainsi qu'au delà des radios, l'article a été mentionné dans plusieurs magazines et des blogs, qui ont bien évidemment retiré leurs articles depuis. Ou comment manipuler les manipulateurs...
Certes, les résultats scientifiques ne doivent jamais être considérés comme totalement acquis, des découvertes peuvant les remettre en cause. Mais quand des milliers de chercheurs à travers le monde issus d'une multitude de disciplines (biologistes, climatologues, écologues, médecins...) arrivent aux mêmes conclusions d'une responsabilité indéniable de l'homme sur le climat, il arrive un moment où s'évertuer encore à démontrer le contraire devient irresponsable - surtout lorsque ces fragiles théories plébiscitent l'inaction dont les conséquences en cas d'erreur seront désastreuses.
Certains, comme Claude Allègre, osent encore affirmer que "si la température augmente de 1 ou 2 °C par siècle et que le niveau de la mer augmente de 25 centimètres, cela ne nous paraît pas catastrophique" (source: l'Express). Une citation dont j'aimerais qu'elle soit, elle aussi, un canular...
Sources:
- "Carbon dioxide production by benthic bacteria: the death of manmade global warming theory?", D.A. Klein, M.J. Gupta, P. Cooper, A.F Jansson (nov. 2007)
- "Le canular de l'année", Agence Science Presse (déc. 2007)
- The low carbon kid, blog de David Thorpe
- "Claude Allègre répond aux chercheurs", l'Express (5 oct. 2006)
Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : environnement, réchauffement climatique, communication, politique, gouvernance | Facebook | |
Commentaires
bonsoir,
je suis surpris par vos propos.
1 ) "il arrive un moment où s'évertuer encore à démontrer le contraire devient irresponsable - surtout lorsque ces fragiles théories plébiscitent l'inaction dont les conséquences en cas d'erreur seront désastreuses."
Il me semble qu'aucune théorie scientifique n'a jamais rien {plébiscité} en démocratie; à la limite les citoyens peuvent y plébisciter un homme ou une décision, mais c'y est même rare. Mademoiselle, proneriez vous la mainmise de la science sur le politique, ou seriez vous prêt à entrer dans cette dialectique politique pronée par certains, même si vous en refusez la dialectique scientifique.
Il me semble aussi qu'il convient de distinguer l'espace du débat scientifique de l'espace du débat politique : laisser les scientifiques affiner leurs théories et les débattre, les démolir et les consolider en les reconstruisant n'empêche pas de prendre parallèlement des décisions politiques certes chères mais d'autant plus courageuses qu'il existe la possibilité que le pire n'arrive pas.
2) Quelque soit le champ du débat, il vous honorerait de ne pas tronquer les propos des scientifiques s'exprimant, notammant quand ils s'expriment à destination du citoyen. Se positionnant explicitement en scientifique dans le début de l'article vers lequel vous nous renvoyez, Claude Allègre dit "Nous ne nions nullement le changement climatique, mais nous considérons que le réchauffement global n'est pas le phénomène essentiel. Si la température augmente de 1 ou 2 °C par siècle et que le niveau de la mer augmente de 25 centimètres, cela ne nous paraît pas catastrophique. Nous pensons, pour notre part, que le phénomène essentiel est l'augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes: canicule ou hiver russe, fortes pluies avec inondations et sécheresse avec manque d'eau potable, tornades violentes et fréquentes. Le tout avec des répartitions géographiques apparemment aléatoires."
Au passage vous remarquerez que la volonté de C.A. est peut être d'élever le débat, en nous incitant à discuter du changement climatique plutot que du réchauffement climatique (contrairement à vous qui avez préféré le mot clé "réchauffement " dans le référencement de cet article, mais c'est un détail ;-)
(Même si on peut discuter du cas du Bengladesh, sera t'il victime de la montée des eaux marines ou de la recrudescence des cyclones et de l'évolution de la mousson, sera t'il plutot victime du réchauffement ou du changement...)
3) Par ailleurs quand vous affirmez que Claude Allègre est une des rares figures défendant que le réchauffement climatique n'est pas imputable aux activités humaines êtes vous sur de votre fait? Quand il dit que le changement climatique pourrait être dû à la modification de l'hygrométrie de parties de l'atmosphère, que la production anthropique de gaz type CO² aurait des effets mieux connus sur l'acidification des océans que sur le changement climatique, que la prise en compte des poussières polluantes par les modèles est limitée, que scientifiquement un modèle sert surtout à identifier les limites d'une théorie et non à la valider, êtes vous sure qu'il remet en cause le caractère antropique du changement climatique? Ne questionnerait il pas plutot les rédacteurs du rapport de l'IPCC?
4) Par contre dans la fin de l'article Allègre déplace le débat explicitement sur le champ politique quand il dit "Ce qui me distingue de certains, c'est que je crois en la capacité de l'homme à résoudre les défis"...
Et là on peut effectivement débattre de bcp de chose:
de sa solide croyance en un génie humain, dont on peut douter de l'étendue.
Depuis 50 ans l'homme pense qu'il trouvera suffisament vite une solution pour gérer les déchets nucléaires à cout maitrisé sur les plans social, économique et environnemental . Des politiques, et non des scientifiques, on fait ce pari il y a 50 ans en engageant des centaines de génération dans la voie du nucléaire civile... et en deux générations professionnelles on a vraiement pas beaucoup avancé pour le gagner.
qu'il propose de continuer dans la voie nucléaire civile et donc qu'il ne remet pas en cause l'abandon du pouvoir par les politiques aux experts techno-scientifique que constitue cette solution.
De son éventuel machivélisme, quand il oppose les écologistes dénonciateurs aux écologistes réparateurs. C'est une façon étrange de se positionner dans un débat pour un homme de ce coté de l'Atlantique. (mais de moins en moins étrange me direz vous)...
5) Vous aurez compris que je préfère le Claude Allègre scientifique au Claude Allègre politique... et que malheureusement je vois dans votre article une paradoxale ressemblance entre votre conscience politique et la sienne.
au plaisir de vous lire
ciao!
poru dédramatiser : Finalement ne servirions nous pas de cobaye à ce David Thorpe, dont l'expérience ne s'arrête peut être pas à la révélation de la "supercherie". mais irait jusqu'aux effets de deuxième et troisième rang?
Écrit par : Maxime | jeudi, 13 décembre 2007
Malgré le débat sur le réchauffement climatique et le protocole de Kyoto , Deux sociétés ont déposer un dossier en vue d’ouvrir sur les communes de Lucenay les Aix et Cossaye(Nièvre) une mine de charbon + centrale thermique. Projet soutenu par les élus socialistes et communistes locaux en dépit d’un rapport alarmiste réalisé par SOFREMINES en 2003 à la demande du conseil régional mais non publié à ce jour.
Pour plus d’information consulter le site : http://www.adsn58.fr/
exprimez vous sur le blog consacré à ce sujet : http://veriteminecharbon.unblog.fr/
Écrit par : Jean V. | samedi, 15 décembre 2007
Encore un pseudo-scientifique, payé par BUSH et Cie, pour nier l'impact de son pays sur le réchauffement de la planète.
Vite que celui-ci s'accentue afin qu'ils en paye la rançon car katrina ne leur a pas suffit
Écrit par : usgohome | dimanche, 16 décembre 2007