mardi, 14 mai 2013
Infarctus urbain - ode à la modernité
L’esprit cherche un havre de paix pendant que le corps déambule. Mais dans cette ville, aucun recoin n’abrite de silence. Les murs se font l’écho de millions de voix, le sol vibre de multitude de pas échangés sur ces océans de bitume. Les ondes sonores, impalpables, emprisonnent la moindre particule d’air.
Parfois des fracas stridents retentissent, rythmant les battements des cœurs urbains. Des éclats de rire fusent, mêlés d’injures et de sanglots. Les âmes ne cessent de se croiser, sans jamais se reconnaître. Pourtant, hantées par la solitude, elles errent au milieu des labyrinthes bétonnées, fuyant d’invisibles minotaures. Petits globules anonymes, elles sillonnent les vaisseaux de ce corps informe, retraçant inlassablement le même parcours.
Le chaos environnant rend absurde toute quête de sérénité. Comme le sable des tempêtes s’infiltre dans les moindres interstices, le sang de la cité pénètre par tous les pores de la peau, étouffant les consciences. Des fluides décharnés gisent alors, taches d’huile rampant dans les caniveaux.
La ville serpente, ses parasites gargouillant au fond de ses tripes. Sa langue fourchue hume les essences et les vapeurs, sourde, tout juste sensible aux tremblements du sol.
Les petits globules cherchent vainement de minuscules parcelles d’oxygène pour emplir leur sac à dos. Leur bouche s’ouvre dans un murmure comme des sardines sorties de leur océan, happant désespérément l’air.
Alors, comme avec les sardines, la ville étouffe l’esprit de ses âmes et les entasse dans ses boîtes cimentées…
Angélie BARAL
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