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lundi, 27 novembre 2006

1 kg de crevettes qui en pèse 20 kg

La semaine dernière, les ministres européens de la Pêche ont une fois de plus balayé les propositions de réduction des quotas de la Commission Européenne pour les poissons d'eaux profondes, passant des 35% de réduction préconisés à 20, voire 15% selon les espèces dont certaines sont pourtant menacées d'extinction (lingue bleue, grenadier de roche, hoplostète orange, requin...). Comme d’habitude, la France a brillé par ses caprices en tant que première flotte de navire de pêche en eaux profondes de l'Union Européenne, avançant que 3.000 emplois seraient menacés si la proposition de la Commission était acceptée... Quant aux milliers d’emplois perdus quand les mers seront vides, silence absolu.

Mais au fait, dès lors que les pratiques de pêche sont décriées, on parle systématiquement de poisson. Savez vous cependant quelle pêche produit le plus de gâchis ?

Les crevettes. Pourquoi ? Parce que chaque kilo de crevettes attrapées entraîne jusqu’à 20 kg de poissons tués non intentionnellement (source : FAO). En effet, plus l’animal est petit, plus les mailles des filets doivent être resserrées. Et croyez vous que le poisson ainsi tué est conservé ? Non, il est rejeté. Oh, certes… il servira de nourriture à quelques charognards marins… mais l’essentiel part en poussière… Parce que nos palais sensibles ont leurs préférences et surtout… leurs habitudes. Pensez vous franchement que les adeptes de fish nuggets enrobés d’énormes panures et imbibées de ketchup feraient la différence ?

Mais non. Pas question de recourir à un mélange de petits poissons tués pour un résultat semblable. Il faut du colin (ou du lieu, c’est pareil). Les mélanges, ça fait penser aux déchets, ou ces restes qu’on met dans les boîtes pour chats…

Alors quand j’entends parfois que les petits gestes ne suffisent pas à faire la différence, il suffit de réfléchir quelques secondes à l’impact que nos choix, nos goûts (comme les déforestations massives pour satisfaire nos exigences de bois rares), nos habitudes ont sur le monde. Car ce qui se passe parfois à l’autre bout du globe est le résultat d’un choix personnel et bien local, celui-là.


Sources
- "Accord à Bruxelles sur une réduction des quotas pour la pêche en eaux profondes", Yahoo actualités, 21 nov. 2006
- Site de la DG Pêche (Commission Européenne)
- "Shrimp trawlers look to cut waste", BBC News, 24 Novembre 2006

Commentaires

bien d'accord sur ce sujet. En plus j'ai vu Hulot hier sur france trois...emu... dans le sondage fait par eux, l'environnement vient qu'en septième place des préoccupations des français...mais on ne se rend donc pas compte du grand plan? Si on ne s'occupe pas de ça D'ABORD, on n'aura bientot plus du tout des autres preoccupations. Mais on ne regarde pas plus loin que sa propre porte. C'est une honte, je trouve!

Écrit par : zara whites | lundi, 27 novembre 2006

Je trouve cela bien que vous ayez ouvert une section sur la pêche et les poissons.

Concernant les conséquences de la surpêche et de la pollution des océans sur la biodiversité des fonds marin, il y eu un article intéressant dans le monde.fr il n'y a pas très longtemps. Je vous mets le lien là pour celles ou ceux qui ne l'auraient pas lu :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3228,36-830354@51-816848,0.html
Encore une fois, c'est un peu triste qu'il faille que ce soit des économistes qui annoncent cela pour qu'il y ait un impact...

Un sujet que j'aimerai vous voir aborder ce sont les chiffres du nombre de tonne de poisson pêché.
Les poissons pêchés sont de plus en plus petits et jeunes, c'est indéniable. Pour exemple, le cabillaud (ou morue) est un poisson pouvant atteidre les 2m et avoisiner les 100 kg. Or on ne pêche quasiment plus de poissons de cette taille. Ceux que l'on trouve sur les étales parviennent péniblement à 50cm pour une taille réglementaire de 35cm.
Du coup je trouve que les fameux quotas de pêche qui se comptent en tonnes ont quelque chose de terriblement inquiétant.

Un autre facteur critique sont les conséquences de la surpêche en eau toujours plus profonde. Cette pratique vise des espèces de poisson dont la croissance et le développement sont très lentes. Je vous mets un lien vers un article qui n'est pas très gaie, j'en conviens. http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/magazine/article.
php?id_article=5783&id_mag=3&lang=fr (lien trop long, faire la jonction)

Enfin bref vaste sujetque vous avez ouvert là Angélie.

Bon ben si à la lecture de tous ces articles vous avez toujours des envies de poisson, je vous propose à consulter le lien de la wwf suisse qui propose un petit guide pour vous aider à choisir votre poisson : http://www.wwf.ch/fr/cequevouspouvezfaire/conseilsquotidiens/alimentation/poissons2/
guidedachat/index.cfm (lien trop long, faire la jonction)


Je vous laisse j'ai quelques poissons (d'aquarium) à nourrir.

Écrit par : jean-françois | lundi, 27 novembre 2006

Bonjour,

En effet, quel gâchis !!!
Ne peut-on pas, justement exploiter ses 20kgs de poissons, invendable pour les humains, pour faire des nourritures pour chats ?
Ces poissons pourraient également être des sources de produits tels que des huiles de poissons ?

bonne journée

Écrit par : Breizhmaine | mardi, 28 novembre 2006

Merci pour cet article et les commentaires. Il faut ajouter aussi que les crevettes sont essentiellement consommees congelees, ce qui ajoute un impact environemental.

Écrit par : Dame Nature | mardi, 28 novembre 2006

Pensez-vous que la crevetticulture est une moins mauvaise alternative ? (élevage de crevette)

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89levage_de_crevettes

Écrit par : jean-françois | vendredi, 01 décembre 2006

Ahhhh... J'aurais du mal à vous répondre, Jean François, car la crevetticulture n'a rien de très environnemental et pose de nombreux problèmes que l'Ifremer étudie actuellement. Mais j'invite les lecteurs à lire l'article de Wikipedia que vous citez car il est très complet.

En fait, je vous répondrais que c'est comme pour tout, il faut savoir se modérer. Difficile d'interdire la consommation de crevettes, mais il est facile de réduire celle ci.

Dans notre malheur, il faut cependant reconnaître que l'élevage présente l'intérêt d'en voir les méfaits plus facilement... Tandis que la pêche en pleine mer...

Écrit par : Angelie | vendredi, 01 décembre 2006

En effet, l'affaire n'est pas simple. Puisque la technique semble être maîtrisée une bonne alternative serait une aquaculture raisonnée et plus extensive.
D'après l'article, certains pays, comme le Mexique, font cet effort. C'est un peu dommage que ces actions ne puissent pas être mieux encouragées.

Sinon je vais peut être dire une bêtise, mais je me demande si la crevetticulture, si elle est correctement gérée ne pourrait pas avoir un impact positif sur les rejets de nitrates dans la mer ?

Je m'explique. En France, la conchyliculture est pratiquée de façon raisonnée.
Elle contribue de loin au développement économique et sociale des zones côtières. Grâce à son poids et ses enjeux, elle parvient à sensibiliser les politiques environnementales ainsi que les populations regroupées en bordures des fleuves, sur l'impact des polluants rejetés à la mer.
Dans le cas de l'étang de Thau, il semblerait même que l'ostréiculture joue un rôle important dans la limitation de l'eutrophisation de l'écosystème méditerranéen et dans la préservation de la biodiversité. Lire l'encart du CNRS :
http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=1736467

Le résumé étant relativement succin (!!), auriez vous connaissance d'une étude détaillée allant dans ce sens ?


A la différence des mollusques, les crevettes sont en plus alguivores et détritivores. Elles sont davantages adaptées aux températures des mers chaudes situées dans la zone équatoriale. Mais en définitif, il me semble qu'en aidant un peu ces pays pour la plupart émergeants beaucoup de monde pourrait en ressortir gagnant, non ?

Écrit par : jean-françois | dimanche, 03 décembre 2006

Une reponse helas trop rapide a deux points evoques :

- La peche a la crevette est destructrice: C'est vrai plusieurs kg de poissons sont rejetes pour chaque kg de crevettes capturees (en fait c'est tres variable selon les pecheries). Pourquoi, parce que ces poissons n'ont aucune valeur marchande et du coup les pecheurs n'ont aucun interet a les entasser dans leur chambre froide ou ils prendraient la place des crevettes. Il existe de nombreuses etudes sur le sujet et depuis des annees les experts cherchent des solutions. Dans certains pays, certaines societes de peche autorisent par exemple les pecheurs traditionnels a recuperer ces poissons (mais risque de vol de crevettes !) D'autres societes de peche (peu il est vrai) recuperent malgre tout ces "poissons d'accompagnement" pour les transformer en farine ou en engrais, mais ce n'est guere "rentable". Il existe aussi des systemes de peche adaptes aux chaluts, permettant d'ecarter ces prises annexes et de les limiter, certains dispositifs de ce type sont deja operationnels d'autres vont le devenir.
Le probleme des capture annexes existe indeniablement mais il n'est pas simple a resoudre, comme toujours, et surtout il a un cout. Le consommateur est il pret a le payer ?
- La crevetticulture peut elle se substituer a la peche ? C'est deja le cas. Une crevette sur deux que vous consommez provient de bassins d'elevage. Aujourd'hui il est globalement plus rentable de produire une crevette en elevage que de la pecher (diminution des catures + hausse du prix du gazoil). Le probleme c'est l'intensification des sytemes d'elevage qui comme pour la production de poulet se traduit effectivement pas des prix devenus abordables pour le consommateur mais souvent au detriment de la qualite gustative, de la securite alimentaire et des degats collateraux sur l'environnement. La aussi il faudrait bien sur nuancer. Sachez quand meme qu'ils existent des eleveurs de crevettes responsables, soucieux de qualite, de preservation de l'environnement et du social, et par la meme de la perenite de leur entreprise. Cf les producteurs de Madagascar. Ceux la sont sur la bonne voie, mais leurs produits sont plus chers (car basses densites, controle qualite eleve, tracabilite etc.. tout cela a un cout). Aujourd'hui ces produits sont helas mal identifies par les consommateurs. Il est grand temps que les grande surfaces en France et en Europe modifient leur politique de vente en grande partie basee sur le "prix le plus bas" en oubliant la qualite. Wall-Mart aux USA l'a compris et n'accepte de commercialiser dans ses super marches que des crevettes repondant a un cahier des charges strict (Carrefour commence a le faire). Les certifications gage de qualite, de preservation de l'environnement et de securite alimentaire pour les consommateurs se multiplient, mais il reste du chemin a parcourir...
Voir l'excellent article des Echos du 5 decembre (Anne Bauer - "crevettes un or rose aux reflets sombres"
Michel

Écrit par : michel autrand | vendredi, 08 décembre 2006

bonjour, pertinant mais un peu réducteur tout de même, si les prises dites "accesoires" sont rejettées à l'eau c'est parcque:
-pour un chalut à crevettes,on ne peux detenir a bord plus de 10 % d'autres espèces (cela s'apelle les espèces cibles voir le decret cee 850/98)
-de plus il est interdit de conserver des especes ne faisant pas la taille mini
l'elevage y a rien de pire du point de vue ecologique, mais on peux pêcher les crevettes au casier, sans detruire les autres espèces...

Écrit par : caroline radius | jeudi, 21 décembre 2006

Ce qui est reducteur c'est de dire qu'il n'y rien de pire du point de vue ecologique que l'aquaculture. Il ya de nombreux exces et il faut les denoncer, mais dire cela c'est completement ignorer que l'aquaculture nourrit des million de personnes dans le monde, qu'il s'agit d'un developpement ineluctable tres similaire a celui de l'agriculture versus la chasse sur nos continents. Sauf que ce developpement est ultra rapide grace aux technologies disponibles mais aussi sous la pression demographique (nous sommes deja 6 milliard et il faut nourrir tout ce monde). La problematique est de faire en sorte que ce developpement se fasse le plus harmonieusement possible et avec un minimum d'impacts environnementaux. A mon humble avis le combat est non pas dans la negation de l'aquaculture (definitivement mauvaise pour l'environnement) car personne n'arretera le train en marche, mais plutot dans la mise en place de solutions de developpement durable et en soutenant l'action d'ONG comme le WWF dans ce domaine (mise en place de certification par exemple).
Maintenant si vous voulez revenir a la peche a la crevette avec des casiers, bonne peche mais vous n'en mangerez pas souvent. Amicalement a tous. Michel

Écrit par : michel | samedi, 23 décembre 2006

You don't know how lucky you are bo. Dayaram Thurayya.

Écrit par : Dayaram Thurayya | mardi, 14 août 2007