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lundi, 15 juin 2009

Ce déficit de la Sécu qui pourrait être évité en grande partie

medicament sante secuUn trou de 20,1 milliards d’euros en 2009, soit 2,5 fois plus que prévu (8,6 milliards) : la crise peut elle vraiment justifier une explosion de plus de 11 milliards d’euros ?

 

Non, 60.000 chômeurs concernés (sur les 2,5 millions au total) n’équivalent pas à 183.000 euros de pertes additionnelles chacun!!! De qui se moque-t-on ? Qu’on le veuille ou non, il y a forcément accroissement des dépenses et la preuve flagrante que les réformes récentes étaient aussi stupides qu’elles ne s’attaquaient pas aux problèmes de fond. Lesquels ?


1. Commençons par ne fournir que les doses nécessaires

Contrairement à nos voisins européens, les pharmacies continuent à fournir des boîtes entières plutôt que la juste dose. Ainsi, un récent traitement m’a valu de ne consommer que 2 comprimés sur les 16 de la 2ème boîte ! Non seulement ce gâchis ne gêne pas nos énarques, mais les médicaments, généralement jetés, se retrouvent dans la nature avec des conséquences de plus en plus graves (ex. œstrogènes dans les fleuves qui modifient le sexe de certaines espèces). Il faut les ramener à la pharmacie pour être incinérés (et non recyclés car impossible de connaître leurs conditions de conservation).

 

2. Constituons des panels d’experts indépendants

La plupart des experts de l’AFSSAPS (l’Agence Française qui délivre les autorisations de mise sur le marché des médicaments) travaillent également pour les labos… ces mêmes labos qui :

  • Réalisent l’ensemble des essais cliniques et demeurent donc seuls juges de leur efficacité en minimisant souvent les effets secondaires. Ainsi, le Vioxx (anti-inflammatoire) a été retiré en 2005, 5 ans après son lancement et le Prozac voyait un des effets secondaires minimisé dans le dossier fourni à l’AFSSAPS (mention de « dépression » au lieu de « idée suicidaire ») !
  • Reprennent d’anciennes formules de médicaments déremboursés, modifient un excipient et recréent un médicament aux propriétés identiques et obtiennent qu’ils soient à nouveau remboursés par la sécu. En 2003, 90% des médicaments nouvellement agréés par la sécu ne représentaient aucune amélioration du service médical rendu ou ASMR (source : Capital), ce qui interdit normalement leur remboursement. Je ne crois pas une seconde que les choses aient changé en 2009 !
  • Décident en partie du prix des médicaments : la négociation avec l’Etat est totalement opaque et les labos n’hésitent pas à recourir au chantage à l’emploi (menace de fermeture d’usine). Ils font aussi du forcing pour fourguer un médicament trois fois plus cher (ex. le Celebrex, nocif, qui exigeait un pansement gastrique en plus – coût pour la sécu : 175 millions entre 2001 et 2003). Malheureusement, les exemples foisonnent. Ca fait des centaines de millions qui s’accumulent…

 

3. Voir un généraliste avant un spécialiste : une économie ???

Voilà bien une réforme incompréhensible : tous ceux d’entre nous qui ne sommes pas hypochondriaques sommes obligés d’aller d’abord voir un généraliste pour ensuite voir le spécialiste. Bref, vous avez des douleurs d’estomacs ou des éruptions cutanées à répétition, vous savez que vous finirez chez le spécialiste mais il faut débourser une séance de généraliste. Sans compter le temps perdu, les généralistes croulent de surcroît sous les RV – tout ça parce qu’une petite frange de la population se rassure en allant voir son médecin comme on va chez le coiffeur. Or, si les dépenses pour les soins de ville n'ont jamais été aussi basses en 10 ans qu'en 2005 (date de la réforme) et 2006, elles doublent en 2007. Et en début de réforme, passer directement chez un spécialiste n'était pas pénalisé, mais c'est le cas ensuite... au moment où les dépenses repartent (voir les statistiques sur le site ameli). Mathématiquement, je ne vois pas comment rendre obligatoire 2 consultations au lieu d'une est un avantage...

 

4. Améliorer le fonctionnement de la sécurité sociale

Je ne sais pas vous, mais au moindre petit changement intempestif (adresse, RIB, médecin traitant, demande d’attestation…), la sécu brille par son inefficacité. Le fait de devoir traiter des millions de dossiers ne peut excuser l’accumulation de tant de c*nn*ries. J’en suis à 4 mois d’attente pour recevoir un papier (en créant récemment ma société, j’ai aussi changé de caisse… aïe, aïe, aïe) parce qu’après 4 coups de téléphone + visites à la caisse du coin, personne ne fait son boulot (*). A questionner mon entourage et lire les réactions sur le web, nous sommes nombreux à subir les aléas d'une proportion hallucinante d’employés inefficaces. En encadrant un peu plus le travail, on éviterait de monopoliser un employé 36 fois pour refaire faire la même chose (multiplié par les milliers de tâches par jour, je n’ose imaginer la note finale).

 

5. Soigner les causes autant que possible plutôt que les conséquences

Arrêtons d’essayer de guérir les symptômes dès que les causes sont identifiées et que des moyens existent pour y remédier !!! Ainsi, la médecine traditionnelle ne s’attaque jamais au stress, un facteur prépondérant dans notre société, préférant apaiser les douleurs et les maladies qu’il cause ou aggrave (avec le lot d’effets secondaires qui peuvent en résulter). Or, ce type de facteur est plutôt bien géré par certaines médecines alternatives, qui forment alors un très bon complément à la médecine traditionnelle. Mais en France, elles sont refusées en bloc (sauf l’acupuncture dans des conditions très strictes) et donc, aucune instance ne les légifère. Résultat: les charlatans pullulent au détriment des bons praticiens qui n’ont aucun moyen de prouver leur valeur (aucun diplôme n’est reconnu). La France accuse ainsi un retard monumental et préfère systématiquement bourrer les français de médicaments sans voir que, parfois, il existe d’autres moyens moins onéreux. Nous sommes loin de la Suisse où praticiens traditionnels et alternatifs travaillent en partenariat… Et pour les plus suspicieux, je rappelle qu’en France, nous absorbons 3 fois plus de tranquillisants, somnifères et antidépresseurs que les autres Européens, des maux où stress et anxiété sont des facteurs prépondérants.

***

Pour en savoir plus, France 5 diffuse le dimanche le 21 juin à 21 h 30 le documentaire "Les médicamenteurs". A voir absolument !

 

(*) Je recours prochainement au médiateur. N’hésitez pas, vous aussi, à le saisir en cas de problème avec une administration !

 

Sources :

- AFSSAPS: Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
- "Sécu, la catastrophe des vingt milliards d'euros de déficit", 20 minutes (15 juin 2009)
- "Les médicamenteurs", France 5 (diffusion les 9 et 21 juin 2009) 
- "Les mensonges des labos", hebdomadaire Nouvel Observateur (27 janv. – 2 fév. 2005)
- "Les médicaments qui creusent le trou de la sécu", mensuel Capital (février 2005)

Commentaires

J'approuve grande la première remarque... Une question récurrente en France, on remarquera que la dispensation unitaire est très importante aux Etats Unis... D'ailleurs en France, le conditonnement actuel des médicaments oblige les hôpitaux à reconditionner, posant des problèmes de sécurité (erreurs possibles) et sans parler des questions de rationalisations et de développement durable...

Pour la seconde, c'est beaucoup plus compliqué que ça... Les pharmaciens et membres de l'AFSSAPS sont soumis à des déclarations d'intérêts comme dans toutes les agences sanitaires, un agent possiblement intéressé dans une question est d'office écarté (sauf dans des cas où les seuls spécialistes sont en très petits nombres et à ce moment là on a pas le choix)
- il faut voir que les études cliniques ne peuvent techniquement pas tout faire apparaître, les études de cohortes faites sur des miliers de personnes, n'ont lieu que sur période assez courte, on suppose donc les effets secondaires proches... le long et moyen terme est mécaniquement sous-estimés... Et quasi impossible à évaluer en dehors du marché... Les labos sont soumis à pharmacovigilance, ce qui les oblige à suivre la vie de leur produit, ce qui peut effectivement conduire à un retrait de produit après décision de l'afssaps !

D'ailleurs il est toujours amusant de consulté le vidal après quelques années de vie d'un médicament, la liste des effets secondaires s'allongeant progressivement !

5- Etant plutôt un sceptique sur les médecines dites alternatives (à quelques exceptions près), car vous parliez de contrôle des effets secondaires... le dosage d'un médicament chimique, sont absorption, sa qualité, ses effets secondaires sont bien plus adapté que des dosages d'herboristes chinoix... je suis volontairement cliché.
Toutefois, il est EVIDENT qu'aujourd'hui nous sommes dans un concept de médecine currative... or il serait très intéressant de viré vers une médecine préventive, sous exploitée, sous estimée mais aussi plus difficilement mesurable...

Écrit par : EEEtienne | mardi, 16 juin 2009

Pour les tests cliniques, je ne suis pas rentrée dans les détails car l'article était assez long comme cela, mais il suffit de se pencher sur les exemples les plus connus tels le Prozac ou le Vioxx pour se rendre compte des problèmes posés. Il n'est pas normal que les labos soient à la fois juges et parties. Tout comme il est anormal que nombre d'experts de l'afssap réalisent également des prestations pour les labos qu'ils jugent et qui les payent à prix d'or. Cette garantie de non-indépendance remet profondément en question la qualité et l'impartialité de leur jugement. D'où des retards considérables à retirer des médicaments même quand les risques sont soulevés avant même leur mise sur le marché!

Il me semble à ce titre que la France est très mal placée pour ce qui est de la réactivité de l'AFSSAP d'après les enquêtes que j'ai pu lire.

Quant aux médecines alternatives, j'ai moi-même été longtemps suspicieuse - étant d'un esprit très cartésien au lourd passif scientifique. Certaines approches m'ont néanmoins convaincue qu'elles peuvent soulager certains maux liés notamment à un état général du corps (stress, anxiété, fatigue...) et qu'en ce sens, elles peuvent être un excellent complément, agissant là où la médecine traditionnelle fait défaut. Ainsi, mieux vaut des massages réguliers et des étirements soigneusement dosés que se bourrer de somnifères, par exemple.

A titre personnel, j'ai pu constater qu'un vrai shiatsu sur le crâne m'enlève mes maux de tête migraineux apparaissant chez moi en cas d'exposition au soleil estival (du à une forme d'allergie). L'alternative est un médicament à base d'aspirine sur ordonnance à utiliser parcimonieusement car il laboure l'estomac. Et bien je préfère un shiatsu! :-)

Écrit par : Angelie | mardi, 16 juin 2009

Bonjour,

Sans rentrer dans un long débat pour lequel je suis pas assez spécialiste, je me dois quand même de me joindre à Etienne pour le point 2 : ma conjointe travaille dans une entreprise de test de dispositifs médicaux. Cette entreprise est indépendante. Bien qu'elle soit soumise à une relation de client / fournisseur dont on peut discuter l'impartialité, elle est également régulièrement auditée par des entités publiques.
La théorie du "tous juge et partie" est donc un peu réductrice !

Pour le reste, et en particulier le premier point, je suis plutôt d'accord...

Écrit par : Olivier | mercredi, 17 juin 2009

Pour Etienne,

Avez-vous oublié l'expérience accumulée par les herboristes chinois pendant des siècles ?
N'est-ce pas significativement pertinent comme retour d'expérience en comparaison à notre pratique occidentale qui n'a qu'un gros siècle de résultats forts contrastés. On rencontre d'excellente choses, la preuve est la progression de l'espérance de vie. Mais on cotoie aussi le pire avec les effets secondaires de la (sur)médication. Il est vain de chercher à opposer ces pratiques alors que comme le suggère Aurélie, elles se complètent admirablement.

Écrit par : Cartus | vendredi, 19 juin 2009

Je suis toujours surpris par le fait que la France est un pays où l'on consomme 3 fois plus de tranquilisants que les autres pays européens, alors que nous appartenons à un pays reconnu mondialement pour sa qualité de vie. Ce qui pourrait signifier que nos concitoyens ne se reconnaissent pas dans la qualité de vie de leur pays ou bien alors qu'il y a dysfonctionnement quelque part.
Et s'il y a dysfonctionnement, provient-il de nous mêmes ou du système de santé, ou bien une conjonction des deux.
Est ce que de notre côté, n'avons-nous pas un comportement à revoir. Du fait que les services de santé sont en grande partie gratuits, ne faisons-nous pas appel à ses services pour des prestations que nous n'irions pas chercher si c'était payant? Il est certain qu'il est tout à fait inconvenant de parler de la sorte, mais personnellement je connais des personnes qui, pour un rien, vont consulter leur médecin, et que si ce dernier ne donne pas de médicaments, il est considéré comme mauvais. Sommes nous suffisamment responsables vis à vis de notre système de santé? Je ne crois pas. La responsabilité passe, je crois par une reponsabilité financière. Il faudrait donc inventer une santé payante abordable également pour les plus démunis. Peut être existe t-il une solution? Je ne sais pas, il s'agit juste d'une réflexion.

Écrit par : parfumerie | samedi, 27 juin 2009

>Parfumerie: réflexion très pertinente.
Le problème est qu'en opposant la mentalité (ceux qui voient un médecin pour un rien et exigent leurs doses de médicaments) et un service payant, la question devient délicate. Car en rendant payant tous les services, ceux qui sont raisonnables naturellement sont punis et les ménages modestes trinquent (c'est déjà le cas soit dit en passant alors que les coûts sont encore modérés par rapport à d'autres pays - ex. dentiste, ophtalmo et spécialistes pour certaines pathologies). Je pense que communiquer et serrer un peu la vis aux médecins trop généreux offrent de bons résultats (on l'a vu avec la consommation d'antibiotiques). Si on commençait déjà par là?

Écrit par : Angelie | samedi, 27 juin 2009

Votre réflexion est pertinente et pleine de bon sens. Il y a vraiment de bonnes idées, il faudrait inviter nos chers politiciens à venir lire cet article, ça leur donnerait peut-être des idées pour avancer sur le sujet ;)

Écrit par : mutuelle | mercredi, 04 novembre 2009