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vendredi, 02 février 2007

Black-out à Marseille!

Imaginez la ville de Marseille, forte de ses 808.700 habitants, plongée dans le noir total: plus un lampadère, une fenêtre, une vitrine, un ordinateur ou une télé allumés, pas l'ombre d'un photon...

C 'est ce qui est arrivé hier soir entre 19h55 et 20h... en quelques sortes. Répondant à l'appel de l'Alliance pour la Planète (voir article du blog "Offrez 5mn à l'environnement"), 3 millions de ménages en France (soit 8 à 10 millions de personnes) ont éteint leurs lumières et leurs appareils pendant 5 mn, entrainant une chute brutale de la consommation d’électricité d'environ 800 MW, soit 1% de la consommation française totale.

 

N'en déplaise donc aux détracteurs des "les petits gestes ne servent à rien en comparaison des gros industriels", 1% pour des histoires de lampes et de veilles éteintes (ainsi que quelques monuments), ce n'est pas négligeable et prouve qu'unis, les citoyens peuvent faire une réelle différence. Rappelons tout de même que le bilan électrique de l’année 2006 a montré que la consommation des ménages a augmenté de 2 %, dans la continuité des années précédentes (source: RTE). 

Il est donc grand temps d'agir, et tant pis si 24% des français disent "n'en avoir rien à battre de l'environnement" (sondage Metro du 2 février), 62% se disent prêt à en faire plus. Soit une écrasante majorité. 

Heureusement... car vous n'avez sans doute pas échappé aux conclusions des experts du GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat - IPCC en anglais) réaffirmant que le réchauffement climatique résulte des activités humaines avec une certitude de 90 % (contre 66 % en 2001), ce qui laisse peu de place aux quelques sceptiques persistants.

Pour la 1ère fois, leur rapport met en évidence que les manteaux neigeux de l'Antartique et du Groënland sont en train de fondre, contribuant à la montée du niveau de la mer - reste à savoir quand et de combien, les estimations étant de 28 à 58 cm d'ici la fin du siècle (c'est peu pensez vous? L'océan atteindrait Rochefort...). Mais selon l'ampleur de la fonte des neiges, on pourrait largement dépasser le mètre.

L'augmentation de température moyenne à la surface du globe pourrait atteindre 6.3°C si nous n'agissons pas, la température ayant déjà augmenté de +0.74°C en 100 ans (contre 0.6°C annoncé précédemment).

La date moyenne de gel des rivières et lacs dans l'hémisphère nord a été reculée de 5.8 jours en 150 ans, et la fonte, avancée de 6.5 jours en 1 siècle (donc une réduction "hivernale" de plus de 12 jours!!!).

Ah oui, au fait, ce rapport résulte du travail de 600 auteurs de 40 pays. Plus de 620 experts et des représentants de 113 gouvernements ont également participé.

Sources:
- Réseau de Transport d'Electricité (RTE)
- Article du blog: "Ce petit rien qui change tout" rappelant les conséquences du réchauffement climatique
- Vidéo des conclusions du GIEC (discours final) - 50 mn [MàJ 15/4/2011 video n'étant plus accessible]
- " Evidence of Human-caused Global Warming “Unequivocal”, says IPCC", United Nation Environment Programme (2 février 2007

mardi, 31 octobre 2006

Coût de l'inaction pour lutter contre le changement climatique = 5500 milliards d'euros!

Si aucune action n’est prise pour contrôler les émissions de gaz à effet de serre (GES), chaque tonne de CO2 que nous émettrons causera des dommages s’élevant à au moins € 67… quelques 5.500 milliards d’euros au total dans les années à venir. Sans action, près de 200 million de gens deviendront des réfugiés, touchés par la sécheresse ou les inondations. Pourtant, pour chaque euro investi maintenant en prenant des mesures immédiates, nous économiserions 5 euros à l'avenir, voire plus.

Ce constat est le cri d’alarme lancé par Sir Nicholas Stern, à la tête du "Government Economic Service" britannique et anciennement économiste en chef de la Banque Mondiale dans son rapport intitulé le "Stern Review". Je vous retranscris la traduction que j’ai faite de sa présentation du rapport. Libre à vous de la diffuser (ce serait gentil de mentionner le blog en source):


Présentation du rapport Stern - extraits
 

"Les sciences nous disent que les émissions de GES (gaz à effet de serre) sont une externalité, c'est-à-dire que nos émissions affectent la vie des autres. Quand les individus ne paient pas pour les conséquences de leurs actions, nous assistons à une faillite du marché. C’est la plus grande faillite dont le monde ait été témoin. C’est une externalité qui (…) est globale, sur le long terme, qui implique des risques et des incertitudes, et qui implique potentiellement des changements majeurs et irréversibles (…).

La température va probablement augmenter de 4-5°C, voire plus, par rapport à l’ère préindustrielle dans les 100 ou 150 prochaines années. Cela dépasse largement notre entendement et à ces températures, nous savons peu de choses sur la façon dont le climat va se comporter (…). La température durant la dernière période glaciaire n’était que de 5°C de moins qu’aujourd’hui (…).

medium_Impacts_changement_climatique.jpg
Impacts prévisionnels du changement climatique
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir - doc au format .pdf)

 

De plus, les impacts sont inégaux : les pays émergents seront beaucoup plus gravement touchés, alors même que les pays riches sont responsables des ¾ des émissions de GES dans actuellement dans l’atmosphère.

Quel est le lien entre les GES et la température ? (…). Nos émissions [s’accumulent] dans l’atmosphère au cours du temps [et] ce stock affecte les températures avec un décalage. Ainsi, nous savons d’emblée que nous feront face à une augmentation de 0.5°C dans les prochaines décennies à cause des émissions déjà produites.

[Evidemment, plus les taux de CO2 sont importants, plus la température risque d’augmenter. Nous tablons sur une évolution des taux compris au minimum entre 450 et 550 ppm, pour une augmentation de température qui ne devrait pas dépasser 4°C, avec 50% de chance de demeurer sous le seuil des 3°C]. Dans ce cadre, la question posée dans notre étude est de savoir comment stabiliser les taux à ce niveau et quel en serait le coût ?

Si nous ne changeons rien, nous atteindront 550 ppm dans 30-35 ans et plus de 850ppm d’ici la fin du siècle. (…) Stabiliser les taux à 550ppm ou en dessous suppose des actions drastiques – mais faisables, [à condition de s’y prendre maintenant sous peine d’augmenter considérablement la facture].

Pour évaluer les coûts de l’inaction [="Business as usual" ou BAU], il est nécessaire de modéliser les risques précédemment évoqués [voir diagramme]. Nous devons nous projeter sur 100-200 ans, quand les impacts de nos actions se feront ressentir au-delà des 50 prochaines années (…). Nous pouvons alors calculer que les dommages causés par notre inaction égaleraient au moins 5 à 20% de la consommation annuelle, suivant les types de risques et les impacts.(…) Quels sont les coûts et les bénéfices de l’action ? Les coûts pour limiter la plupart des risques (rester sous la barre des 550ppm) s’élèvent à environ 1% du PIB par an. (…) Cela revient à payer en moyenne 1% de plus pour tout ce que nous achetons – (…) ce qui est gérable (…).

Force est de reconnaître que les émissions proviennent de tous les secteurs d’activités et de tous les pays. Il est nécessaire d’agir dans tous les secteurs si nous voulons atteindre les réductions nécessaires (…). Premièrement, nous devons établir le prix du carbone au travers des taxes, du commerce et de la réglementation sans lequel il n’y a aucune incitation à réduire les émissions. Ensuite, nous devons promouvoir la technologie au travers de la recherche et du développement, tout en rassurant le secteur privé sur les débouchés pour leurs produits. Enfin, nous devons gérer la faillite du marché, telle que les problèmes liés au marché des capitaux inhibant les investissements dans l’efficacité énergétique. [Par ailleurs, l’information doit circuler, avec une compréhension plus approfondie des enjeux pour inciter à un changement des comportements]. (…)

Il s’agit d’un problème d’envergure international qui demande des actions multilatérales. Chaque pays est une partie du problème. (…) Mais le comportement de chacun déterminera l’efficacité d’une réponse collective et durable (…). La persuasion et l’encouragement à mener des actions internationales impliquent de montrer les preuves [du changement climatique] et de créer des cadres de travail à grande échelle (…). Gérer la transition pour une économie à faibles émissions de carbone [exige] une approche multisectorielle (…). La plupart des changements climatiques ont déjà cours et tous les pays doivent s’adapter."