lundi, 22 octobre 2007
La France manque de sable!
Après l'air et l'eau, quelle source terrestre consommons nous le plus? Les granulats... et oui, en quoi sont faits nos bâtiments et nos routes? C'est en effet la 3ème source la plus consommée, avec une moyenne française atteignant 6,2 tonnes de granulats par habitant et par an. Une carrière n'est pas forcément ce qu'il y a de plus beau (quoique... bien réaménagées, elles servent de terre d'asile pour beaucoup d'espèces), mais il faut bien aller chercher du sable.
Or, justement, le sable n'est pas intarissable. La demande en béton est croissante et dans certaines régions, les carrières commencent à s'épuiser. C'est notamment le cas de la Bretagne où une hausse des constructions entraîne une demande près de deux fois supérieure à la moyenne nationale (soit 10 tonnes par habitant et par an)!
Mais que fait-on quand le sable vient à manquer? Les producteurs de granulats vont tout simplement le chercher ailleurs. Sauf qu'importer du sable coûte excessivement cher: le prix double tous les 30 km. Ils se tournent donc vers la mer et les grands estuaires (Seine, Loire, Gironde) où la faible profondeur de l'eau rend l'extraction particulièrement aisée. Or, ôter du sable marin n'est pas sans risque pour les écosystèmes (destruction des habitats, opacité de l'eau néfaste pour certaines espèces...).
Ainsi, Lafarge a démarré une prospection sur une zone de 16 km² et de 30 m de profondeur au sud de Lorient, dans le but d'extraire quelques 600.000 tonnes de sable d'ici à 2011 (et 18 Mt sur 30 ans). Toutefois, ce projet n'est pas du goût de tout le monde et un collectif s'est monté, "Le Peuple des Dunes", soutenu par des maires, qui réunissait tout de même plus de 10.000 manifestants au printemps dernier sur la plage d'Erdeven. Je vous invite à voir l''émission de France 3 "On peut toujours s'entendre" récemment diffusée et portant sur ce sujet (13/10/2007):
Malheureusement, si la France a tant besoin de sable, c'est en partie parce que le recyclage du béton, pourtant possible, est très faible: à peine 10% du matériau utilisé, tandis que le secteur du bâtiment et des travaux publics produit 343 millions de tonnes de déchets (5,5 tonnes par habitant). Rien qu'en 2004, le Royaume-Uni et l’Allemagne produisaient environ 6 fois plus de granulats de recyclage que la France. Les perspectives de développement sont donc bien réelles... et éviteraient de devoir s'attaquer au littoral.
Sources:
- "Les marchands de sable prennent la mer", Raphaël Baldos, Environnement Magazine (n°1659 - août 2007)
- "Le recyclage des déchets du bâtiment et des travaux publics peut progresser", 4 pages de l'IFEN (n° 116 - Fév. 2007)
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lundi, 15 octobre 2007
Acidification des océans: les conséquences oubliées du CO2
Imaginez que votre peau se désagrège tandis que vous vous promenez tranquillement. Imaginez que l'air, devenu acide, ronge votre épiderme. Voilà ce qui arrive aux organismes marins face à l'acidification des océans.
Pourtant, l’oxygène d’une respiration sur deux provient des océans... mais c'est bien là le problème. En effet, ces masses d'eau absorbent 25 millions de tonnes de CO2 par jour - ce qui nous arrange bien puisque qu’ils atténuent de ce fait l’intensité du réchauffement climatique (pour rappel, le CO2 est un puissant gaz à effet de serre). Sauf que ce processus a un coût : leur pH baisse dramatiquement, entraînant une réduction de la quantité de carbonate de calcium nécessaire à la formation des coquilles ou des récifs. L'excès de CO2 n'est donc pas seulement une menace pour notre climat, mais également pour l'ensemble des écosystèmes marins.
Observez les images ci-dessous: à gauche, la photo montre la surface relativement lisse d'une coquille dans une eau "normale", non corrosive. A droite, la photo met en lumière une surface rongée, en dents de scie, d'une coquille ayant passé 48h dans une eau acidifiée.
Dans 50 à 100 ans, les squelettes externes de certains organismes marins (ex. le Corail) pourraient commencer à se dissoudre et à ne plus pouvoir se former en raison de l’acidification de l’eau de mer. Les espèces possédant des coquilles en aragonite seront les premières touchées (les ptéropodes comme ceux des photos en font partie). Les coraux, coquillages et crustacés suivront. Des écosystèmes entiers s'écrouleront, faute d'alimentation de base, avec des conséquences dramatiques: crise alimentaire planétaire et crise climatique agravées (si la constitution des océans change, ils ne pourront plus assumer leurs divers rôles de régulateurs: climat, oxygénation de l'air...).
Evidemment, si la présence de CO2 dans l'air nous rongeait la peau directement, nous ferions certainement plus d'efforts pour changer nos comportements...
Sources :
- "Plastic pollution : a growing threat to the health of our oceans", Greenpeace (document en .pdf)
- "Les océans malades du CO2", Environnement Magazine (nov. 2005)
- "Anthropogenic ocean acidification over the twenty-first century and its impact on calcifying organisms", James C. Orr et al (Nature 437, 681-686, 29 September 2005)
- Illustrations de l’article: site web de l’INSU / CNRS
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jeudi, 11 octobre 2007
Au coin du feu avec Nathalie Kosciusko-Morizet
Mardi soir, j'ai eu la chance de participer à la rencontre débat relative au Grenelle de l’environnement, organisée entre Nathalie Kosciusko-Morizet (Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie) et 50 blogueurs (présumés "influents de la toile") au Ministère (avec une vraie cheminée allumée dans le salon - ambiance 'cosy' garantie). Le débat était retransmis en direct sur Second Life, suivi par environ 80 avatars (= représentation graphique virtuelle d'une personne réelle). Reste à me convaincre que je suis un blog influent... rires..., mais puisque mon but est d'encourager au respect de l'environnement, souhaitons-le!
D'abord suspicieuse face à ce genre d'opération com', je reconnaîs que les questions des blogueurs étaient pertinentes... avec des réponses relativement précises de la Secrétaire d'Etat. Personnellement, je m'intéressais à la possible réforme administrative de la France (compétences propres aux communes, communautés de communes, départements...), grande absente des propositions émanant du Grenelle et des critiques qui lui sont adressées.
Pourtant, gérer par exemple le problème des transports, 1er secteur responsable des émissions de gaz à effet de serre (25%, suivi par l'habitat) passe nécessairement par une restructuration des compétences administratives. Or, à l'heure actuelle, un partage absurde des compétences représente un véritable frein à la bonne gestion des transports (transports en commun, réseau routier...), à l'intégration des énergies renouvelables (ex. dans l'habitat, les aides varient d'une commune /région à l'autre) et à la protection de la biodiversité (ex. mise en place de corridors écologiques) - 3 problèmatiques aux impacts environnementaux énormes (j'aurais pu en citer d'autres).
Malheureusement, bien qu'admettant la nécessité d'une telle réforme, la Secrétaire d'Etat a reconnu que ce n'était pas à l'ordre du jour car beaucoup trop générateur de conflits pour l'instant (le groupe de travail n°5 "Construire une démographie écologique" en a débattu sans qu'aucune proposition n'ait été retenue). Et c'est regrettable: entre des élus en CDD prenant leurs décisions suivant la durée de vie de leur mandat ou des régions politiquement divergentes torpillant les efforts de certaines communes (ou vice versa), il était primordial de donner un coup de pied dans la fourmilière.
Il reste tout de même la consultation publique du Grenelle de l'Environnement qui se termine demain. Je vous invite à y participer: accéder à la consultation publique.
Pour consulter les propositions des divers groupes de travail, lire la synthèse à mi-parcours réalisée par Actu-Environnement, particulièrement claire et concise.
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mardi, 09 octobre 2007
A la découverte de "6 milliards d'Autres"
"6 milliards d'Autres" est un projet initié par la fondation Goodplanet fondée en 2005 par Yann Arthus-Bertrand dont la mission est de promouvoir au développement durable.
Ce projet, né en 2003, est un véritable témoignage aussi bien visuel que sonore de la diversité de l'humanité grâce à quelques 6000 interviews filmées dans 65 pays - soit, à terme, environ 450h de vidéos de portraits traduits (sous-titrages français, anglais et italien).
Il s’agit de "dresser un portrait sensible et humain en essayant de mettre en évidence l’universalité et l’individualité propres à chacun en envoyant plusieurs cameramen à travers le monde, interroger les habitants de la Terre".
Les vidéos sont mises en ligne permettant à tous d'y accéder. Bien que le projet doit être finalisé en 2008, il y a déjà plus de 3500 interviews réalisées dans 35 pays (je ne pense pas qu'elles soient déjà toutes en ligne). De la Papouasie Nouvelle-Guinée aux Etats-Unis, du Brésil à la Russie en passant par l'Inde, ce sont autant d'hommes, de femmes, d'enfants qui partagent leurs rêves, leurs réflexions, leurs peines et leurs espoirs dans leur langue maternelle.
C'est donc un véritable voyage emprunt d'humanité que nous offre le projet "6 milliards d'Autres"... une initiative à suivre, d'autant qu'il est également prévu de pouvoir mettre ses propres témoignages en ligne par la suite.
Site officiel: www.6milliardsdautres.org
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mercredi, 03 octobre 2007
Du gazon dans votre salon!
Aux pauvres citadins que beaucoup d'entre nous sommes, en manque de nature et de vert, que diriez vous d'apporter un peu de gazon dans votre salon? Voilà ce que propose la société Metaphys, designer japonais, au travers de sa collection "nature". L'idée n'est certes pas nouvelle, mais j'apprécie le design épuré. Evidemment, aucun prix n'est indiqué - ne parlons pas des choses qui fâchent!
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vendredi, 28 septembre 2007
Pollution et cancer - le rapport polémique de l'Académie de Médecine
L'Académie de Médecine et le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) viennent de publier un rapport sur les principales causes du cancer pointant du doigt nos modes de vie bien plus que la pollution. Ces résultats ont déclanché une véritable polémique au sein des chercheurs comme des associations de protection de l'environnement (lire le communiqué de WWF). La raison? Le rapport indique que seul quelque 0,2% de cancers sont liés à la pollution - un chiffre loin des 50% (voire plus) avancé par certains comme le Pr. Belpomme (chercheur à l'Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse - source JDD). Ce dernier souligne d'ailleurs que le rapport rappelle que dans 45% des cas, les causes de cancer sont identifiables. D'où sa question "qu'en est-il des 50% restant?"
En effet, il y a de quoi se poser de nombreuses questions. Rien qu'à lire le résumé d'introduction (voir ci-dessous), la méthodologie retenue à de quoi surprendre:
- Les risques liés aux expositions professionnelles ne rentrent pas dans la catégorie pollution: amiante, suie, produits toxiques, etc. doivent-ils donc être exclus de la définition de pollution?
- Les études ont porté sur des adultes. Le fait qu'une étude de l'INSERM a indiqué que les enfants vivant à proximité d'une station-service ou un garage ont un risque quatre fois supérieur de développer une leucémie n'est donc pas pris en compte. Hallucinant, d'autant qu'enfants et foetus sont les populations les plus sensibles à l'environnement.
- Le rapport indique (lire ci-dessous): "quand les agents polluants n’ont pas d’effet cancérogène établi (par exemple, nitrates, pesticides, etc.)" j'ai du mal à admettre le sérieux de ce compte rendu. Pour preuve, cela fait plusieurs années que le Round’Up (pesticide de Monsanto) a été démontré comme étant cancérogène. Les articles à ce sujet sont nombreux (lire par exemple celui de ISIS "Glyphosate toxic and Roundup worse", 2005). Sur combien d'autres affirmations de ce genre le rapport s'appuie-t-il?
- Le rapport reconnait l'influence de l'alimentation sur les incidences de cancers chez les animaux mais aucun cas avéré chez l'homme. L'homme oublierait-il sont appartenance au monde animal? Pas de cas avéré ne signifie nullement aucun risque ou lien de cause à effet. Or, il est plus que gênant (surtout dans un contexte scientifique) de se permettre d'énoncer une série de chiffres très précis sans les accompagner du moindre rappel sur le principe de précaution.
- Enfin, bien que ce rapport reconnaisse les nombreuses incertitudes et faiblesses méthodologiques, cela ne l'empêche pas d'annoncer des chiffres très précis. Ce rapport est-il réellement pertinent au regard des approximations et des choix de méthologie? Pour des scientifiques qui exigent des études extrêmement rigoureuses pour démontrer le bienfait de certaines médecines alternatives (par exemple), les voilà bien cléments...
Pour ceux qui ont encore foi en ce rapport, ayez une pensée pour le nuage de Chernobyl qui a traversé la France ou pour les 1% d'ours polaires devenus hermaphrodites (c'est un mammifère évolué... sa sensibilité aux polluants n'est donc pas si éloignée de la notre). A moins d'opter pour la dégradation de la fertilité masculine (90 à 100 millions de spermatozoïdes par millilitre dans les années 50...50 à 60 millions par millilitre dans les années 90)...
Extrait du rapport de l'Académie de Médecine
"Les causes avérées:
Ce rapport confirme qu’en France (comme dans tous les pays industriels et la majorité des pays en voie de développement) le tabac reste (...) la principale cause de cancer [33% des décès par cancer chez l’homme, 10% chez la femme]. (...) L’alcool est à l’origine d’environ 9% des décès par cancer chez l’homme et 3% chez la femme. Ainsi, malgré les efforts effectués, tabac et alcool restent à l’origine de 28% des décès par cancer. L’excès de poids et l’insuffisance d’exercice physique causent environ 2% des cancers chez l’homme et 5,5% chez la femme. Les expositions professionnelles sont à l’origine de 3,7% des cancers chez l’homme et de 0,5% chez la femme. Ce pourcentage a tendance à diminuer dans les pays industrialisés grâce, notamment, à une meilleure hygiène du travail. (...) Contrairement à certaines allégations, la proportion de cancers liés à la pollution de l’eau, de l’air et de l’alimentation est faible en France, de l’ordre de 0,2%. Elle pourrait atteindre 0,8% si les effets de la pollution de l’air atmosphérique étaient confirmés (...).
Chez les femmes, les traitements hormonaux de la ménopause sont à l’origine d’environ 2% des décès par cancer (...): ceci invite à limiter les indications et la durée de ces traitements. L’exposition prolongée aux rayons solaires cause environ 1% des décès par cancer dans les deux sexes. On considère généralement que l’alimentation a une influence majeure sur le risque de cancer ; cependant, l’effet de facteurs nutritionnels spécifiques, tels que la teneur en fibres des aliments, la quantité de fruits et légumes ingérée, n’a pas été confirmé par les dernières enquêtes épidémiologiques. De même, celles-ci suggèrent que la consommation de viande rouge et de charcuterie n’accroît que modérément les risques de cancer du colon-rectum. Cependant, ces études ont été effectuées sur des adultes ; le rapport souligne la nécessité de poursuivre les recherches, car il est plausible que l’alimentation de l’enfant, de l’adolescent et même de la mère pendant la gestation, puisse influencer l’incidence des cancers à l’âge adulte. (...) L’influence sur la fréquence des cancers de la richesse en calories de l’alimentation a été constatée chez les animaux d’expérience. (...) Il existe [de nombreuses interactions] entre agents cancérogènes exogènes et endogènes. Peut-on arguer de ces interactions pour supposer un rôle de la pollution ? Ceci est concevable si l’agent polluant a un pouvoir cancérogène même faible, donc pour certains polluants atmosphériques qui pourraient accroître les effets du tabac ; cependant, les études épidémiologiques, sans exclure cette éventualité, montrent que cette interaction n’aurait qu’un impact limité, même pour les cancers du poumon. En revanche, quand les agents polluants n’ont pas d’effet cancérogène établi (par exemple, nitrates, pesticides, etc.), cette hypothèse apparaît très peu vraisemblable."
[article mis à jour le 9/10/07]
Sources:
- "Les causes du cancer en France - Rapport version abrégée" (pdf), Académie des Sciences (septembre 2007)
- "Cancer, un rapport partiel, voire partial", JDD (13 sept. 2007)
- "Essence et leucémie", rfi service pro (10 déc. 2004)
- "La vie sexuelle des ours polaires", Agence Science-Presse (4 sept. 2000)
- "La fertilité humaine est-elle menacée par l'environnement?", Actu-Environnement (12 dec. 2006)
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lundi, 24 septembre 2007
Goldorak et l'environnement
"Attention!!! Je vais faire un trou dans la couche d'ozone!..... tchaaak tchaaak...."
Quelle n'a pas été ma surprise hier d'entendre cette petite bribe entre deux enfants jouant en bas de chez moi. Il est loin le temps des fulguropoings de Goldorak! Les enfants évoluent avec leur temps et intégrer les problématiques environnementales dans leurs jeux prouve que l'éducation commence a porté ses fruits. Au fond, je le prends comme un encouragement.
Pourtant, il suffit d'écouter des gosses jouer pour réaliser que les "attaques verbales" sont toujours supposées être très violentes: explosions, destruction totale... c'est à qui a le plus gros "machin" qui provoque le plus de dégât. Les adultes feraient bien de s'inspirer de ces jeux d'enfants qui assimilent un trou dans la couche d'ozone comme une nouvelle arme de destruction massive...
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