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mardi, 20 mars 2007

Les fraises, nouvelle menace des parcs naturels?

Les allergiques à la fraise espagnole, plus enclins à défendre les produits français, vont être heureux. Le WWF vient en effet de lancer un cri d'alarme à l'égard des consommateurs et des distributeurs concernant la vente de fraises espagnoles qui sont en train de détruire des espaces naturels ibériques parmi les plus importants d'Espagne (et d'Europe). 

En effet, les zones humides du Parc National de Coto Donana dans le sud du pays s'assèchent, l'eau servant à irriguer en partie les fraises sur 5000 hectares, soit 95% de la production nationale. Pourtant, le parc est classé patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1984. Situé en Andalousie, il présente un ensemble d'écosystèmes remarquables (lagunes, marais, dunes fixes et mobiles, buissons et maquis) qui en fait un des sites de prédilection pour des oiseaux menacés. Plus de 500.000 oiseaux d'eau hivernent dans le Parc.

Mais cela ne semble avoir eu aucun effet sur les plantations de fraises... dont 40 % des surfaces seraient cultivées illégalement (plus d’une centaine d’hectares empiètent sur des espaces protégés). L'irrigation provient massivement de forages dont 50 % sont non déclarés, ce qui réduit considérablement (environ 50%) l'alimentation des zones humides alentours.

Cerise (fraise?) sur le gâteau, l'importation de toutes ces fraises génère près de 4.500 tonnes de plastique chaque année dont la majeure partie des 300.000 tonnes produites alimentent nos étals français et ceux de nos voisins allemands. De surcroît, vous aurez remarqué que ces fruits sont apparus dès le mois de janvier dans les marchés. Or, même en supposant que le climat andalou est plus doux, de sacrées quantités de pesticides ont du être nécessaires pour la production de fruit en plein hiver, histoire de pouvoir acheter des fraises de janvier à avril (voir l'article du blog "Semaine sans pesticide")...

Au final, le bilan environnemental est catastrophique: kilo de pesticides inutiles, eau pompée, parc menacée, forages illégaux et surplus de plastique pour protéger des fruits très fragile sur des distances importantes...

Bien que l'article de la BBC indique qu'un porte-parole de Carrefour Espagne affirme se fournir en fraises provenant du seul fournisseur dont les méthodes de production sont suivies et respectent les standards Européens, quelque chose me dit qu'il n'en est rien côté français (et encore me faudrait-il croire ce porte-parole...).

Moralité: attendez le mois de MAI avant d'acheter des fraises, ce n'est pas encore la saison! Goûtez plutôt à des variétés anciennes de pommes et surtout, surtout, évitez les fruits qui ont du parcourir 13.000 km pour atteindre votre assiette...

 

Sources:
- Fiche des sites inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco: Parc National de Doñana
- "Call for Spain strawberry boycott", BBC (16 mars 2007)
- "Acheter des fraises hors saisons favorise la destruction du milieu naturel espagnol", Notre-Planète.info (17 mars 2007)

mardi, 13 mars 2007

Semaine sans pesticides du 20 au 31 mars 2007

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78.300 tonnes de produits phytosanitaires (fongicides, insecticides, herbicides) ont été répandus en France en 2005. Cela fait de nous les 1er consommateurs européens (en valeur absolue et à l'hectare) et les 2ème consommateurs mondiaux, juste derrière les Etats-Unis (source: Capital).

Que ceux qui pointent un doigt accusateur vers les agriculteurs s'en mordent les doigts... Sur ces 78.300 tonnes, 3.500 tonnes ont été utilisées par les espaces verts de la Ville et 8000 tonnes... par les jardiniers amateurs représentant, à eux seuls, plus de 10% des pesticides consommés dans l'année!!!

Or, près de 520 matières actives entrant dans la composition d'environ 3000 produits commerciaux sont homologuées et utilisées en agriculture (115 pour les quelques 500 produits à destination des jardiniers amateurs)... dont une grande partie se retrouve dans l'eau (pollution des cours d'eau, des nappes phréatiques, impacts sur la biodiversité...) et dans nos assiettes (fruits et légumes contaminés).

Lors d'une étude de la DGCCRF (Direction Générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) réalisée en 2005, 10% des 196 échantillons de fruits et légumes montraient des résidus de pesticides supérieurs aux normes légales. Un échantillon de fraises présentait même des taux 32 fois supérieurs à la normale d'endosulfan, un insecticide pourtant interdit. 

Les conséquences sur l'environnement et la santé sont dramatiques: eaux polluées, espèces décimées, sols contaminés, mais également effets sur notre santé (voir l'article du blog "Phyt'attitude: agriculteurs, préservez votre santé!"). Si les impacts à courts termes sont assez connus (troubles respiratoires, eaux eutrophisées...), les effets à long terme demeurent encore en grande partie inconnus. Certaines substances utilisées sont cancérigènes ou /et s'accumulent dans les organismes sans pouvoir être évacuées. Déjà, de nombreux troubles des comportements sexuels s'observent chez les animaux et certaines substances peuvent réduire la fertilité, entrainer des hermaphrodismes, favoriser la naissance de femelles au détriment des mâles et réduire la taille des organes génitaux. 

Et puisque des mammifères sont touchés (ex. l'ours polaire) et que l'homme est un mammifère, il n'y a aucune raison qu'il soit épargné.

Les risques sont énormes mais il reste à sensibiliser la population. Dans ce contexte, l’ACAP (Action Citoyenne pour les Alternatives aux Pesticides) organise une semaine sans pesticides du 20 au 31 mars, avec de nombreux évènements et démonstrations dans toute la France.

Pour en savoir plus et connaître les manifestations dans votre région, rendez vous sur le site officiel de la campagne:

www.semaine-sans-pesticides.com

Sources:
- Observatoire des Résidus de pesticides
- Campagne Pesticides de France Nature Environnement [MàJ 15/4/2011 lien vers la nouvelle campagne 2011]
- "Dossier Environnement", mensuel Capital de février 2007
- "Etre écocitoyen", publication de Nature & Découvertes (2005) 

Lire aussi...
- "Roundup biodégradable : Monsanto condamné pour publicité mensongère" sur Ecolopop
- l'excellent diaporama très complet (notamment les impacts sur la santé et l'environnement): "les pesticides, qu'est ce que c'est?", réalisé par la MCE (maison de la consommation et de l'environnement)
- "High Levels Of Pollutants May Decrease Sexual Organ Size In Polar Bears", Science Daily - septembre 2006

vendredi, 29 décembre 2006

Envie de foie gras pour le réveillon?

Avec les fêtes et la profusion de foie gras dans les étals, les polémiques autour du gavage font rage, surtout quand certaines villes des Etats-Unis se mettent à interdire notre - ô scandale - foie gras frenchy... Alors les éleveurs sont interviewés pour nous expliquer que certains utilisent des techniques favorisant la production naturelle de gras des oiseaux en prévision de migrations.

Or, non seulement il n'y a aucune migration, mais les espèces utilisées sont issues de croisements et ont perdu tout caractère migratoire. Enfin, migration ou non, jamais la graisse ne s'est accumulée au niveau des viscères (dont le foie), mais à la surface de la peau (notamment la poitrine). Pensez ainsi aux animaux tels que les phoques ou les manchots bien dodus pour lutter contre le froid, un foie malade ne leur servirait strictement à rien, au contraire...

Mais certains d'entre vous aiment tellement le foie gras qu'ils préfèrent fermer les yeux, une réaction compréhensible tant nos vies d'êtres humains se sont habituées à la cruauté et la violence. Entre un JT à 20h et la tente abritant des SDF sur le trottoir d'en face, le gavage de canard semble bien loin de nous.

Pourtant, je vous invite à regarder la petite vidéo ci-dessous, produite par Stopgavage, qui a lancé un manifeste pour l'abolition du foie gras (pour voir la vidéo en grand format, c'escjt par ici).

Désolée pour les ex-amoureux de foie gras qui vont dorénavant me détester... Mais vous savez, les huîtres et les escargots sont bons aussi (ne vous plaignez pas trop, je vous ai déjà épargné Noël...).

 

Pour plus d'infos:
- Site officiel du manifeste "Stop gavage", lancé par la PMAF (Protection Mondiale des Animaux de Ferme)
- Résultats de recherches: Production de foie gras, gavage et bien-être - INRA, Centre de Tours (article mis en ligne le 7 avril 2005)
- "Comment estimer le bien-être d'un animal", INRA Tours (12 juillet 2006)

mardi, 29 août 2006

Au vieux verger...

Quel est le point commun entre une "grosse mignonne", une "noire de Montreuil" et une "madeleine rouge"? Deviendrais-je donc grossière? Que nenni! Il s'agit tout simplement de 3 variétés de pêches anciennes. Et où peut-on les trouver? A Montreuil, en région parisienne, grâce à l'impulsion de l'association "Murs à pêches" (MAP pour les intimes) et sa coordinatrice, Laura Winn (lauréate du Trophée "Terre des Femmes" remis par la fondation Yves Rocher pour son action).

Comme son nom l'indique, les murs à pêches sont des murs contre lesquels des pêchers ont été plantés. Cette tradition a déjà plusieurs siècles d'existence: lorsque des murs furent construits pour séparer les parcelles entre elles, les horticulteurs se sont aperçus que la chaleur emmagasinée et restituée la nuit permettait la culture des fruits malgré un climat peu propice. Cette technique se répandit alors rapidement, la pêche montreuilloise faisant un malheur sur les marchés parisiens au XVIIe siècle. Tandis que les murs de pêches couvrent plus de la moitié du territoire de Montreuil (500 ha) au XIXe siècle, l'apparition du chemin de fer portera un coup fatal à cette production avec l'arrivée massive de pêches du Sud de la France. Aujourd'hui, l'association gère les quelques hectares remis en état, soit à peine plus de 35 ha. Je vous invite à lire un historique plutôt très complet tiré du magazine Le Point (n° 1745 du 23 février 2006).

Malheureusement, comme beaucoup de projets de défense de notre patrimoine (biodiversité et variétés anciennes, traditions ancestrales...), l'association a bien du mal à protéger ses jardins contre les projets d'urbanisation de la mairie. Si vous habitez la région, n'hésitez pas à aller à leur rencontre! 


Lire également l'article du blog "Variétés anciennes de fruits et légumes".

mardi, 09 mai 2006

13.000 km pour un grain de raisin...

Du raisin, des melons, des poires... en ce début de mois de mai, tous ces fruits se retrouvent sur les étals. Pourtant, ils ne sont pas supposés mûrir avant le mois de juillet...

En fait, soit ces fruits sont poussés artificiellement (serre high tech + engrais + lumière artificielle...) nécessitant de grosses consommations d'énergie (qui vous seront bien évidemment facturées), soit ces fruits sont importés. Regardez les pays d'origine sur les écriteaux: Chili, Argentine, Afrique du Sud sont omniprésents. Autrement dit, vos fruits ont du parcourir entre 9.300 et 13.000 km pour parvenir à votre assiette!!!

Pour avoir une idée du poids des importations de fruits en France, voici une carte dont la surface des pays est proportionnelle à leur taux d'importation (carte du haut) et d'exportation (carte du bas) de fruits. Comme vous pouvez le constater, l'Union Européenne importe massivement des fruits (beaucoup plus que le reste du monde réuni). Quant aux exportateurs, l'Amérique du Sud domine largement.

 

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Au final, jusqu'à 37 fois plus de carburant est consommé (transport aérien) que pour un fruit produit localement et acheté en saison. 1 kg de fraises d’hiver peut nécessiter près de 5 l de gasoil pour arriver dans votre assiette.

 

Notez que les légumes sont plus souvent produits localement ou dans des pays limitrophes. Il est donc fondamental de respecter les saisons pour acheter vos fruits et légumes.

Concrètement, pour le mois de Mai, vous avez le choix entre:

Fruits: Ce n'est que le tout début des fraises, la fin des oranges et des mandarines, les dernières pommes et les premières cerises à la fin du mois. Oubliez les framboises, prunes et abricots (Juin) et les melons, pêches, poires, et raisin (Juillet).

Légumes: c'est le moment de consommer les asperges, carottes, épinards, pois, cresson, laitue, romaine et navets, mais allez-y doucement pour les artichauts, betteraves et batavia dont ce n'est que le tout début de saison.

 

Bon appétit!


Sources: WWF et "Manual 2000" d'Elkington & Hailes (ed. Hodder et Stoughton), 1998 pour les données, le site Worldmapper pour les graphiques (dont les données utilisées sont principalement celles fournies par l'ONU).

mardi, 07 février 2006

Phyt’Attitude : agriculteurs, préservez votre santé !

Phyt’Attitude (ex "réseau toxicovigilance") a été créé par la MSA (protection sociale du monde Agricole et Rural) en 1991 pour assurer une veille permanente concernant les impacts des produits phytosanitaires sur la santé des utilisateurs.
 
A cette fin, Phyt’Attitude recense et analyse tous les troubles de santé déclarés pour mettre en avant les relations de causes à effets entre les symptômes et les produits utilisés. Les plus fréquents sont des problèmes de peau (irritations, démangeaisons…), des troubles digestifs (nausées, douleurs…) et des maux de têtes.
 
Les salariés agricoles sont les plus touchés, les contaminations se faisant principalement lors de l’application ou de la préparation des produits. Les grands responsables sont les insecticides/acaricides (à l ‘origine de 33% des troubles), des fongicides (31%) et des herbicides (23%). Les cultures les plus explosées sont les vignes et les céréales.
 
Si vous êtes en contact avec ces produits, n’hésitez pas à contacter Phyt'Attitude au numéro vert: 0.800.887.887
 
Grâce au recensement et à l’analyse des troubles, le travail d’expertise permet de connaître les matières actives et les formulations dangereuses pour la santé de l’homme. Cela permet ensuite à Phyt’Attitude de participer à l’homologation des produits pour éviter les plus toxiques, d’influencer la composition et l’information disponible des produits et enfin d’améliorer les mesures de protection et prévention.
 
Ainsi, il est recommandé de se laver les mains régulièrement, de porter des gants même après traitement et de prendre une douche immédiatement après traitement.
 
Les troubles engendrés montrent bien l'importance de limiter au maximum l'usage des pesticides. Et je rappelle que ce qui est toxique pour l'homme l'est pour la nature. Mais là, je vois mal un renard ou une abeille appeler le numéro vert...
 
Pour plus d’information, je vous invite à lire le dernier bilan Phyt'Attitude.
[MàJ 15/4/2011: consultez désormais le site de l'Observatoire des Pesticides]

lundi, 06 février 2006

Variétés anciennes de fruits et légumes

Où sont donc passés toutes ces riches saveurs d'antan, subtile mélange de multiples fruits et légumes devenus à présent des antiquités, de vieilles variétés mises au rebus? Si bien des labos de grosses multinationales tâchent de sauvegarder ces espèces dans des banques génétiques, histoire de pouvoir créer de nouvelles espèces qu'ils s'empresseront de commercialiser, il existe des associations qui oeuvrent pour la sauvegarde de ce patrimoine.


Ainsi, l'association Kokopelli a été créée en 1999 (prenant la suite de "Terre de Semences" existant depuis 1994) afin de préserver ces produits du terroir en voie de disparition, en produisant et distribuant des semences issues de l'agriculture biologique. Elle oeuvre au niveau national et international, en proposant notamment plus de 1200 variétés anciennes de légumes, fleurs et céréales.


Malheureusement, rien n'indique que les activités de l'association pourront durer. En effet, en décembre 2005, la société Graines Baumaux a intenté un procès contre l'association principalement pour concurrence déloyale et vente de produits non inscrits au catalogue agricole officiel (il est donc clairement sous-entendu que ces vieux fruits et légumes peuvent présenter un grave danger pour la santé du consommateur). 


A une époque où les OGM pénètrent nos territoires sans le consentement de l'écrasante majorité de la population, ce procès semble fort mal à propos et scandaleux. Cependant, l'issue est délicate. Si le procès est gagné par Graines Baumaux, le travail de l'association pour la conservation et la diffusion d'espèces rares va s'en trouver directement menacé. Mais si le procès est perdu, il ouvre une brèche. Demain, des industriels type Monsanto pourront créer des asso pour diffuser des produits OGM sans nous en avertir car il n'y a effectivement aucun contrôle. Autre cas de figure, une asso pleine de bonne volonté pourrait également diffuser des semences totalement étrangères qui pourraient présenter une menace pour des espèces natives (Kokopelli propose déjà des semences étrangères, mais j'ignore les effets potentiels).


Mais pour être franche avec vous, entre les dégâts causés par des kilomètres de champs de maïs uniformes et sans grand intérêt pour la biodiversité, qui réclament des litrons d'eau et contribuent largement à la sécheresse, sans compter les tonnes de pesticides qui les accompagnent... et les "dégâts" que Kokopelli peut occasionner, nous sommes totalement dans la démesure!

Sachez que si votre main vous chatouille, vous pouvez signer la pétition lancée par Kokopelli.

En attendant, si vous connaissez des sites où l'on peut voir des photos de variétés anciennes de fruits et légumes, merci de mettre les liens en commentaire!