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vendredi, 20 juin 2008

Observez des faucons en direct grâce à une webcam

faucon nid.jpg

Que diriez vous d'observer une nichée de faucons crécerelles en direct grâce à une webcam? C'est ce que propose le canton de Bâle, en Suisse. Le pays a choisi le faucon crécerelle comme espèce phare de l'année 2008 et dans ce cadre, il fait l'objet d'une intense politique de sensibilisation de la population. 

nature webcam.jpgEn association avec l'ONG "Birdlife" (dont la LPO - Ligue de Protection des Oiseaux - est la branche française), le canton a mis en place un nichoir sur le haut d'un grand bâtiment (photo à gauche). Une caméra et une lampe à infrarouge permettent au public d'observer 24h sur 24 cette nichée qui comporte 5 oisillons - ce qui est très rare car d'habitude, les faucons ont 2-3 oisillons. Ils ont environ 3 semaines et semblent tous en forme. Or, il faut savoir que bien souvent, un oisillon prend rapidement le dessus sur ses frères et soeurs, ce qui peut malheureusement entraîner la mort de ces derniers. Dans la nature, la sélection est rude et elle commence dès le nid. Espérons que cette nichée survivra totalement.

Pour voir la webcam (dont les photos ci-dessus sont extraites), il suffit de vous rendre à l'adresse suivante: www.turmfalke.ch/live_cam.htm

lundi, 16 juin 2008

Testez votre impact sur les forêts!

impact foret papier.png

Savez-vous que pas moins de 180 kg de papier par habitant et par an sont consommés en France, nécessitant plus de 9 millions de tonnes de bois pour sa production (source : Ademe)? Un employé de bureau jette environ 80 kg de papier par an (source : Ademe) et plus de 400 millions d’euros/an sont dépensés en impressions inutiles dans les entreprises françaises (enquête Ipsos/Lexmark). Diminuer notre consommation de papier participe donc largement au respect de l'environnement. Mais le papier n'est pas le seul à impacter sur les forêts. Les emballages, nos meubles, l'huile de palme (qu'on retrouve dans nombre de produits alimentaires) et bientôt, les agrocarburants sont autant de facteurs additionnels.

Pour vous aider à y voir clair, le WWF-France vient de lancer un site permettant aux consommateurs de mesurer l’impact de leurs achats quotidiens sur la forêt: www.protegelaforet.com

La pression exercée sur les forêts incite à la déforestation de ces dernières: plantations plus rentables, création de routes pour accéder aux bois rares, récoltes illégales... Cette déforestation génère 20% des gaz à effet de serre dans le monde, soit autant que les émissions produites par les transports, entraînant de surcroît la disparition de milliers d'espèces animales et végétales.

Grâce au site du WWF, vous pourrez sélectionner des produits (papier hygiénique, meubles, parquets, biscuits, bijoux...) et consulter leur empreinte écologique avec de nombreuses recommandations pour les limiter.

Et oui, le PQ n'est pas très glamour, mais vous apprendrez que chaque européen en consomme en moyenne 13 kg par an, soit le quart de la production mondiale... Cette consommation augmente de 4% tous les ans alors que 90% des fibres utilisées dans le papier hygiénique proviennent du marché mondial. En clair, une bonne partie du PQ de vos WC provient sans doute de forêts mal gérées ou exploitées illégalement... Pour ceux qui l'ignore, vous pouvez trouver du papier toilette recyclé qui remplit tout aussi bien sa tâche!

Pour les anglophones parmi vous, il existe également une initiative pour la réduction de la consommation de papier, SHRINKPAPER (=réduisez le papier), lancée par la fondation néerlandaise Forest Peoples Programme qui défend le droit des peuples forestiers. Il s'agit de s'engager (=pledge) à accomplir certains gestes (accès direct aux engagements). Le site plaide pour la mise en oeuvre d'un réseau européen - espérons qu'il sera bientôt traduit dans d'autres langues!

lundi, 09 juin 2008

Agrocarburants: 5mn pour comprendre les enjeux

disparition orang outan.jpgConformément aux objectifs fixés par l’Union Européenne (Directive 2003/30/CE), 5,75% d’agrocarburants devront être incorporés dans l'essence et le gazole d’ici 2010… et 7% en France.

Pour rappel, un agrocarburant (ou biocarburant… qui n’a pas grand chose de "bio") est issu de végétaux et les sources sont variées : céréales (blé, colza, maïs), canne à sucre, betterave, voire plus récemment des algues et même, des champignons (lire ci-après).

Si l’on parle tant des agrocarburants, c’est qu’ils forment une alternative aux carburants classiques avec un avantage économique certain face à un or noir en passe de se transformer en diamant noir. Toutefois, le débat fait rage sur leur réel avantage énergétique et environnemental: longtemps plébiscités comme une solution permettant de réduire les émissions de CO2, leur intérêt est de plus en plus questionné.

Quels sont les enjeux ?

Plusieurs facteurs sont en ligne de mire :

Risque de déforestation, lié aux besoins de dégager des surfaces de cultures : c’est une menace directe sur la biodiversité, entraînant de surcroît une dégradation des sols et du climat (déforestation = émissions massives de CO2).

L'Indonésie détient ainsi le triste record de taux de déforestation dans la période allant de 2000 à 2005, ayant déjà perdu 72 % de ses anciennes forêts pour répondre à la demande internationale de bois, de papier, d'huile de palme et, à présent, d’agrocarburants. Les Nations-Unis estiment qu'en 2022, 98 % des forêts indonésiennes auront disparu. 1ère victimes : les Orangs-outans, dont l’effectif de ceux de Sumatra a chuté de 91% en un siècle. Ils deviennent ainsi une des espèces les plus menacées d’extinction à l’heure actuelle.

Cet impact dramatique a été largement mis en avant par plusieurs études dont, entre autre, celle d’une équipe britannique de l’Université de Leeds, indiquant que la quantité de CO2 séquestrée par les forêts sur 30 ans excède largement la quantité d’émissions évitées par l’utilisation de biocarburants. Il est donc bien plus avantageux de conserver les forêts que de les détruire en vu de la production de ces derniers.

Destruction des écosystèmes: non seulement les forêts (et la biodiversité qu’elles abritent) sont menacées, mais les écosystèmes marins sont également touchés. Récemment, des scientifiques canadiens tiraient la sonnette d’alarme car les engrais azotés nécessaires à la production croissante d'éthanol à partir du maïs aux États-Unis menacent le golfe du Mexique. Ceux-ci se retrouvent dans l’eau et favorisent le développement d’algues (processus d’eutrophisation), étouffant la vie en dessous. Or, si les États-Unis poursuivent leurs objectifs de développement de l’éthanol, la pollution azotée augmentera de 34 %...

Dégradation des sols: plusieurs études récentes, dont celle mandatée par les offices fédéraux de l'énergie, de l'environnement et de l'agriculture suisses, indiquent que la culture et la transformation des agrocarburants nécessitent l’apport de produits chimiques s’ajoutant à la dégradation des sols et de la qualité de l’eau. Au final, le bilan énergétique est moyen (réduction au maximum de 30% les émissions de gaz à effet de serre) avec des pressions environnementales accrues (biodiversité, fertilisation intensive…)

La consommation d’eau n’est pas en reste. Des chercheurs du groupe international de recherche sur l’agriculture (CGIAR) basé au Sri Lanka ont montré qu’au Brésil, il faut 90 litres d’eau pour la production d’un litre d’éthanol (issu de la canne à sucre), 400 litres aux Etats-Unis (produit à partir de maïs), 2.400 litres en Chine (maïs) et… 3500 litres en Inde (canne à sucre). Quand on sait que la Chine veut multiplier sa production par quatre d’ici 2020, elle devra augmenter sa production de maïs de 26% - une vraie catastrophe !

Impact économique: les prix de certaines denrées en concurrence directe comme le maïs ont vu leur prix croître et sont l’objet à présent de spéculations sans précédent. L’OCDE prévoit une augmentation des prix alimentaires allant de 20 à 50% pour les 10 années à venir. En effet, la concurrence s’annonce rude. Les récoltes céréalières de 2007 ont été catastrophiques et les années à venir ne présagent rien de bon. L’année 2008 pour le blé risque d’être à son plus bas niveau depuis 25 ans et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) prévoit que les stocks demeureront à ces niveaux dans un futur proche. Une demande de plus en plus forte combinée à des catastrophes climatiques toujours plus nombreuses expliquent en grande partie ce phénomène. Or, les filières éthanol reçoivent de surcroît des aides hallucinantes. Ainsi, il est estimé que les Etats-Unis, à eux seuls, dépensent 5 milliards d’euros par an pour aider la filière éthanol !!!

Biocarburants de seconde génération : quelles améliorations ?

Ces impacts peuvent toutefois être limités en prenant un certain nombre de mesures, comme celle de stopper la déforestation, limiter les brûlis au profit du défrichage (notamment dans les zones tropicales) ou celle de privilégier la valorisation des déchets, de l'herbe, de la paille et du bois dans nos pays tempérés. C’est l’utilisation de ce type de biomasse, complémentaires aux activités agricoles préexistantes, qui vaut l’appellation "biocarburant de seconde génération" – considérés de ce fait comme plus efficaces.

Aujourd’hui, les sources de production les plus prometteuses d’agrocarburant sont les micro-algues qui font l’objet de recherches intensives depuis quelques années. Ainsi, quand un hectare de maïs fournit 168 m3 de carburant par an, le palme en fournit entre 6540 et 7476 m3 et les algues 187.000 m3. On peut citer notamment le projet Shamash en France, démarré fin 2006. Au moins 15 start-up américaines travaillent également sur les algues (voir la liste).

culture jatropha.jpgUn autre prétendant dont le génome vient d'être décodé est le champignon Trichoderma reesei, qui dégrade les végétaux en sucres simples, pouvant être ensuite transformés en éthanol après fermentation.

Citons enfin le Jatropha, une plante originaire d'Amérique latine poussant sur des terres semi-arides (elle n’entre donc pas en compétition avec des cultures alimentaires - enfin... normalement). Il existe de plus en plus de pays producteurs : Inde, Philippines, Indonésie, Afrique du Sud, Burkina Faso, Mali, Ghana, Malawi, Zambie et dernièrement Madagascar – où la société D1 a commencé sa culture fin 2006 (voir la brochure en pdf).

Dans l’hypothèse d’une transformation efficace et écologique de la biomasse en énergie en quantité suffisante, sans coût prohibitif ni pour le carburant ni pour les denrées alimentaires - parallèlement à une réduction des consommations énergétiques, les agrocarburants peuvent avoir un rôle significatif dans l’approvisionnement futur en énergie.

Mais comme tout cela fait beaucoup d'hypothèses à combiner, ne soyons pas naïfs, les agrocarburants ne resteront qu’un palliatif tant que nous ne comprendrons pas la nécessité de réduire drastiquement nos niveaux de consommation.


Sources :
- "Une étude suisse démontre que tous les agrocarburants ne sont pas respectueux de l'environnement", Actu-Environnement (29 mai 2007)
- "Indonesia deforestation fastest in world: Greenpeace", Reuters (3 mai 2007)
- "Les orangs-outans menacés par la déforestation en Indonésie", Cyberpresse (11 juin 2007)
- Directive 2003/30/CE du 8 mai 2003 visant à promouvoir l'utilisation de biocarburants ou autres carburants renouvelables dans les transports (document pdf)
- "EU biofuel policy is a mistake", BBC (17 août 2007)
- "Les stocks de céréales à leur plus bas niveau depuis 25 ans", Notre-planète.info (9 oct. 2007)
- " La production d’essence verte périlleuse pour l’Inde et la Chine", Sciences & Avenir (11 oct. 2007)
- "After 30 years, algae-to-fuel finally gets the green light", Greenfuels forecast (mars 2008)
- "Bientôt des champignons génétiquement modifiés pour produire des agrocarburants ?", actu-environnement (16 mai 2008)
- "Ethanol de maïs : spéculation et famine !", Les Amis de la Terre (11 sept. 2007)
- "La production d’éthanol à partir du maïs menace le Golfe du Mexique", Le Devoir (10 mars 2008)
- Crédit photoOrang-outan: Veronique di Meo

mercredi, 07 mai 2008

La biodiversité sur internet: sites à découvrir

earth touchEarth touch

Bien qu'en anglais, le site est une véritable mine d'or de vidéos sur la nature et le monde animal. Avec 555 entrées à ce jour, vous passerez facilement des heures à explorer des mini-documentaires - qui sont même proposés en téléchargement (y compris en haute définition). Vous aurez la possibilité de mettre les commentaires en sourdine et même d'enregistrer des photos extraites des films (en dessous de l'encart vidéo).

Personnellement, j'ai un faible pour les suricates tout pelotonnés qui se les gèlent... 

  

greenfactsGreenfacts

Originellement en anglais et traduit en français, le site est un portail sur la santé et l'environnement, proposant de nombreux dossiers très bien traités suivant 3 niveaux de détails pour chaque thématique (résumé, explication détaillée et sources). Deux sont consacrés à la biodiversité que je vous invite vivement à consulter, expliquant l'état des lieux, l'importance et les rôles que joue la biodiversité:

Dossier Biodiversité 1
Dossier Biodiversité 2

    

tortues marinesRéseau Tortues marines de Guadeloupe

Ce site présente les actions poursuivies en faveur des Tortues marines de Guadeloupe.

Suite au lancement en 1999 d'un programme de conservation des tortues marines en Guadeloupe, un plan de restauration d’espèces a été élaboré et est actuellement mis en oeuvre par le Réseau Tortues Marines Guadeloupe animé depuis 2004 par l’association Kap’Natirel. 

Ne passez surtout pas à côté de la photothèque du site (avec de superbes photos qui peuvent être agrandies)! Vous pouvez également consulter le site du Réseau d'Information sur les Tortues Marines d'Outremer.

 

biodiversite urbaineEspèces d'urbains

Ce site émane d'une initiative lancée par le département de Seine-Saint-Denis (93) en partenariat avec l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique. Il propose de s'engager en faveur de la biodiversité urbaine en choisissant de respecter certaines actions pour la préserver (suivant un modèle similaire au Défi pour la Terre de la Fondation Nicolas Hulot).

[MàJ 18/4/2011: Il semble que le site ne fonctionne plus et n'ait pas été remplacé, mais je vous invite à consulter le site de l'Observatoire de la biodiversité urbaine du 93, moins ludique mais très informatif.

 
passeport vertPasseport vert

Ce site résulte d'une initiative du Groupe de travail international sur le développement du Tourisme Durable dans le but d'éveiller la conscience des touristes sur leur potentiel à contribuer au développement durable en faisant le choix de vacances responsables.

Ce passeport vous guidera dans la préparation de votre voyage, le choix des destinations, les souvenirs à ne pas acheter pour protéger la flore et la faune locale... autant de rappels et de conseils bien utiles à garder en tête. Dans ce cadre, je vous invite à lire également l'article du blog "Dangereux souvenirs de voyage". En effet, pour ceux qui ne verraient pas très bien le rapport entre biodiversité et tourisme, sachez que ce dernier implique souvent de fortes pressions sur la faune et la flore locales (souvenirs en bois exotique, cornes ou carapaces d'animaux, prélèvement de coraux, coquillages...). 

Signalons que le site est soutenu par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement). 

 

Je vous invite également à (re)découvrir quelques sites déjà diffusés sur ce blog: 

jeudi, 27 décembre 2007

Quand un macaque demande l'addition...

Les macaques savent compter. Ce n'est pas un miracle de noël mais une réalité que viennent de démontrer Elizabeth Brannon, chercheur en sciences cognitives et son assistante, Jessica F. Cantlon. 

L'expérience consistait à présenter aux singes deux ensembles de points sur un écran tactile durant une demi-seconde suivis par deux sommes (toujours sous forme de points) dont l'une juste et l'autre fausse. En touchant du doigt la bonne réponse, ils touchaient une récompense. Résultat, les macaques peuvent calculer la somme en une seconde, avec un taux de réussite tout juste inférieur à ceux des étudiants qui, eux, effectuaient mentalement l'addition. Les singes ont obtenu 76 % de réussite contre 94% pour les étudiants pour un temps de réflexion comparables avant de répondre.

Notez au passage que plus l'écart entre la bonne et la mauvaise réponse était faible et plus le temps de réflexion était important - chez les singes comme chez les étudiants.

De nombreuses espèces peuvent quantifier des groupes d’objets et déterminer quel est le plus grand - tant que la différence avec les autres groupes est significative. Vous même devinez quelle boîte à plus de chocolat au premier regard, non? Mais la capacité d'animaux à véritablement effectuer des opérations arithmétiques (nécessaire pour différencier 11 de 12 par exemple) restait une inconnue que les chercheurs ont voulu lever.

Or, cette expérience démontre que les humains ne sont pas les seuls à pouvoir résoudre des calculs "simples". Ainsi, Elizabeth Brannon affirme que « les performances mathématiques des adultes humains tiennent surtout à leur capacité de représenter des concepts numériques en utilisant des signes. Un singe est incapable de faire la différence entre 2000 et 2001 objets. Cependant, nos travaux ont montré que humains et singes peuvent manipuler mentalement des représentations de nombres pour générer des sommes approximatives de simples objets ».


Je me souviens encore avec nostalgie de ce fameux cours de philo (en 1994) où ma prof et moi avions débattu pendant une demi heure sur la notion d'outil - critère pris en compte en philosophie pour distinguer l'homme de l'animal. Elle s'évertuait à démontrer que l'outils résultant de la transformation d'un objet, était le propre de l'être humain. Evidemment, entre les cailloux cassés volontairement par des oiseaux pour servir d'objet tranchant ou les brindilles épluchées faisant office de paille aux chimpanzés, je n'étais absolument pas d'accord - mais impossible de lui faire entendre raison. 

Or, récemment, j'ai eu l'agréable surprise de constater que des philosophes avaient remis en question cette notion d'outil, certains acceptant d'ailleurs qu'il n'est plus l'apanage de l'humain [si certains ont plus d'info sur ce débat, je suis preneuse].

Je souris maintenant. Des animaux qui se servent d'outil, savent compter... j'ai lu également que certains "langages" comme chez les baleines étaient sans doute beaucoup plus structurés qu'on ne le pensait... bref, voilà matière à réflexion sur la place de l'homme dans la nature... et si nous faisions preuve d'un peu plus d'humilité?


Sources:
- "Basic Math in Monkeys and College Students", E. Brannon, J. F. Cantlon in Plos Biology (18 déc 2007)
- "Les macaques savent faire des additions !", J. Etienne - Futura-Sciences (19 déc. 2007)

lundi, 12 novembre 2007

Pesticides ou l'amour de la nature à la française

Nous avons beau dos d'accuser les agriculteurs de polluer les nappes phréatiques. Certes, l'usage surdosé de produits phytosanitaires est fréquent. Mais ce serait oublier un peu trop vite que les jardiniers amateurs sont à l'origine de 7% du tonnage total annuel, dispersant quelques 8000 tonnes de produits chimiques dans leurs petits coins de "nature".  D'ailleurs, l'usage de pesticides semblent être une tradition française particulièrement bien ancrée: la France, avec 76.100 tonnes de matières actives commercialisées en 2004, est le 3ème consommateur au monde de pesticides et le 1er en Europe (30% des quantités totales utilisées).

Or, ces substances se retrouvent rapidement dans les rivières, les nappes et jusque dans les villes. Elles sont dispersées dans les jardins publics (ex. le site de mesure des Halles au coeur de Paris a relevé 8 herbicides, 4 insecticides et 7 fongicides), mais également transportées par voie des airs -  de récentes études indiquant qu'elles pouvaient parcourir 10 km dans l'atmosphère et retomber en plein milieu urbain! Les conséquences sont dramatiques pour les écosystèmes, notre santé... et notre portefeuille.

En effet, il y a encore quelques mois, la France était menacée de sanctions record par la Commission Européenne (par "record", entendez près de 500 millions d'euros...). Elle vient tout juste d'échapper aux 30 millions d'amende pour pollution aux nitrates des eaux bretonnes. Pourtant, les solutions existent (oserais-je dire, comme d'habitude...).

Ainsi, cela fait 20 ans que le Danemark a engagé une politique de réduction de l'usage des pesticides. Un premier Plan d'Action Pesticide a été lancé dès 1986, après avoir observé un déclin de la biodiversité proportionnel à un accroissement de l'utilisation de produits phytosanitaires. Ces efforts ont payé: la fréquence d'applications a vu son taux passer de 3,1 sur la période 1990-93 à 2,1 entre 2001-2003. Le pays en est à son 3ème Plan d'Action pour la période 2004-2009, avec un objectif d'une fréquence d'application inférieure à 1,7 d'ici à 2009 - soit une réduction de moitié en 20 ans.   

Le Parlement européen vient d'approuver la révision de la Directive sur les pesticides datant de 1991 avec un renforcement des règles européennes en matière d'autorisation et d’usage de ces produits. Mais il y a de fortes chances que les taux soient fixés par les Etats Membres. En France, selon les conclusions du Grenelle de l’environnement, les 30 substances les plus dangereuses devraient être retirée dès 2008, avec une cinquantaine de produits interdits d’ici quatre ans et un objectif de réduction de moitié de la fréquence de traitement des pesticides d’ici 10 ans.

Malheureusement, un "si possible" est venu se coller à cet objectif dans le discours de clôture de Nicolas Sarkozy, demandant au ministre de l’agriculture, Michel Barnier, de proposer "un plan [d'ici un an] pour réduire de 50% l’usage des pesticides, dont la dangerosité est connue, si possible dans les dix ans qui viennent".

Et si nous disions "Si possible, nous payerons nos impôts"?

 

Lire également l'article du blog "Un petit tour dans le jardin"

Sources:
- "Les dispositions réglementaires en vigueur concernant les produits phytosanitaires", site de la DRAF - Pays de Loire
- "La France reste sous la menace de sanctions record par Bruxelles", actu-environnement (28 juin 2007)
- "Danish lessons on pesticides", Euractiv (22 mars 2007)
- "Le Parlement européen et le Grenelle de l’environnement en phase sur la réduction des pesticides", Euractiv (26 octobre 2007)
- "Transportation of pesticides from rural to urban areas" (.pdf), DG Environment (16 mai 2007)
- "La région Ile-de-France est polluée par les pesticides : du coeur de Paris aux zones rurales", Notre-Planète info (12 juillet 2007)

lundi, 22 octobre 2007

La France manque de sable!

Après l'air et l'eau, quelle source terrestre consommons nous le plus? Les granulats... et oui, en quoi sont faits nos bâtiments et nos routes? C'est en effet la 3ème source la plus consommée, avec une moyenne française atteignant 6,2 tonnes de granulats par habitant et par an. Une carrière n'est pas forcément ce qu'il y a de plus beau (quoique... bien réaménagées, elles servent de terre d'asile pour beaucoup d'espèces),  mais il faut bien aller chercher du sable.

Or, justement, le sable n'est pas intarissable. La demande en béton est croissante et dans certaines régions, les carrières commencent à s'épuiser. C'est notamment le cas de la Bretagne où une hausse des constructions entraîne une demande près de deux fois supérieure à la moyenne nationale (soit 10 tonnes par habitant et par an)!

Mais que fait-on quand le sable vient à manquer? Les producteurs de granulats vont tout simplement le chercher ailleurs. Sauf qu'importer du sable coûte excessivement cher: le prix double tous les 30 km. Ils se tournent donc vers la mer et les grands estuaires (Seine, Loire, Gironde) où la faible profondeur de l'eau rend l'extraction particulièrement aisée. Or, ôter du sable marin n'est pas sans risque pour les écosystèmes (destruction des habitats, opacité de l'eau néfaste pour certaines espèces...).

Ainsi, Lafarge a démarré une prospection sur une zone de 16 km² et de 30 m de profondeur au sud de Lorient, dans le but d'extraire quelques 600.000 tonnes de sable d'ici à 2011 (et 18 Mt sur 30 ans). Toutefois, ce projet n'est pas du goût de tout le monde et un collectif s'est monté, "Le Peuple des Dunes", soutenu par des maires, qui réunissait tout de même plus de 10.000 manifestants au printemps dernier sur la plage d'Erdeven. Je vous invite à voir l''émission de France 3 "On peut toujours s'entendre" récemment diffusée et portant sur ce sujet (13/10/2007):

 


envoyé par Biodiversite

Malheureusement, si la France a tant besoin de sable, c'est en partie parce que le recyclage du béton, pourtant possible, est très faible: à peine 10% du matériau utilisé, tandis que le secteur du bâtiment et des travaux publics produit 343 millions de tonnes de déchets (5,5 tonnes par habitant). Rien qu'en 2004, le Royaume-Uni et l’Allemagne produisaient environ 6 fois plus de granulats de recyclage que la France. Les perspectives de développement sont donc bien réelles... et éviteraient de devoir s'attaquer au littoral.

Sources:
- "Les marchands de sable prennent la mer", Raphaël Baldos, Environnement Magazine (n°1659 - août 2007)
- "Le recyclage des déchets du bâtiment et des travaux publics peut progresser", 4 pages de l'IFEN (n° 116 - Fév. 2007)