mardi, 15 mars 2016
Loi Biodiversité et notion de préjudice écologique: décryptage
Cette semaine, je vous invite à découvrir mon article paru dans mon cadre professionnel, qui analyse la notion de préjudice écologique en passe d'être adoptée dans le cadre de la Loi Biodiversité.
Après avoir été votée par le Sénat fin janvier, la loi Biodiversité pourrait être adoptée dès l’été. Élément phare de ce projet, la mise en application de la notion de préjudice écologique va être cruciale, en élargissant le principe de pollueur payeur couvert par les contrats Assurance Environnement depuis 2008. Comment les entreprises risquent-elles d’être impactées (...)?
Crédit photo: Charlie Riedel
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jeudi, 30 octobre 2014
Coup de pouce wanted: votez pour elle!
Aujourd'hui n'est pas pas coutume, j'écris pour vous inciter à voter pour Marie-Christine Lanne, une femme pour laquelle j'ai beaucoup d'estime et qui a été nominée à la Tribune Women's Awards, catégorie Responsable & Solidaire.
C'est une entremetteuse de choc, qui a créé un nombre incalculable de rencontres entre porteurs de projets et acteurs du développement durable, juste parce qu'elle pensait qu'il y avait des synergies à développer entre eux, sans qu'elle y ait un intérêt particulier (toujours suivant cette logique, elle a lancé le site Génération en Action, sous la houlette de Generali, pour mettre en contact associations et bénévoles).
Directrice de la communication et des engagements sociétaux chez Generali, elle est aussi depuis 2 ans membre du bureau du Réseau Femmes & Développement Durable que je préside. Ne vous laissez pas leurrer par le fait qu'elle soit de la "com": son intérêt pour le développement durable est réel et son envie de faire bouger les choses, intarissable. On a besoin d'entreprises avec des gens comme elle, qui ont la volonté d'aller de l'avant. D'ailleurs, quand je l'ai rencontrée la première fois, elle m'a tout de suite plu: dynamique, optimiste, sincère, sensible à l'environnement mais aussi... très humble. C'est une denrée rare chez les cadres dirigeants.
Voilà pourquoi je vous incite à voter pour elle. Vous avez jusqu'à demain vendredi: RV sur cette page, catégorie responsable & solidaire, portrait du milieu. Merci à tous!
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lundi, 15 septembre 2014
BILAN de la campagne #VenezVerifier de Fleury Michon
D'avril à juillet 2014, j'ai participé en tant que blogueur à la campagne #VenezVerifier de Fleury Michon, visant à démontrer la qualité de son surimi (voir précédents articles ici et là). De la visite des usines de production en Vendée à la pêche du Colin d'Alaska et la fabrication de pains de poissons, j'ai ainsi suivi tout le processus de fabrication, allant même jusqu'à embarquer à bord d'un chalutier. Il est donc temps pour moi de faire le bilan.
Lorsque la campagne a démarré, j'ai rapidement été interpellée par l'absence d'additif et de colorant dans la recette des surimis de Fleury Michon, se démarquant ainsi d'une grande partie de la concurrence (à commencer par Coraya...). Cette bonne surprise m'a donné envie d'aller plus loin, l'occasion de se pencher sur LA question sensible : le poisson. Confronter la réalité est toutefois loin d'être évident, comme en témoigne cette vidéo que j'ai prise sur le chalutier:
Certes, le poisson pêché est labellisé MSC (Marine Stewardship Council), sensé garantir une pêche durable ne mettant pas les stocks en danger. Est-ce suffisant? Rien qu'en France, 60.000 tonnes de surimi sont consommés par an, soit 21.000 tonnes de "surimi base" (la pâte de poisson formée à partir des filets et constituant environ 35% des surimis). La marque occupant 25% de ce marché, il faut donc 5250 tonnes de surimi base (soit probablement quelques 10.000 tonnes de poissons entiers) - une bagatelle comparé à la production mondiale d'1 million de tonnes de surimi base (1).
Le Colin d'Alaska représente environ la moitié de la production mondiale. Mais pour Fleury Michon, il constitue 90% du poisson utilisé. C'est donc sur lui que je me concentrerai - n'ayant pu observer la pêche du Merlu blanc du Pacifique (les 10% restants). L'analyse portera donc sur les points suivants:
- Les garanties du label MSC
- Suivi des stocks et gestion halieutique
- Les méthodes de surveillance
- Les impacts sur l'environnement
1. Les garanties du label MSC
Le MSC est un label certifiant la pêche durable, afin de prémunir contre la surexploitation des ressources halieutiques. Né en 1997 à l'initiative du WWF et le groupe Unilever, le MSC certifie aujourd’hui 179 pêcheries dans le monde représentant 7 millions de tonnes de poissons, soit environ 7% des captures mondiales (chiffres 2012) (2).
Cependant, le MSC fait régulièrement l'objet de vives critiques, accusé d'être un peu trop conciliant. Une étude en 2013 (3) concluait que les principes du MSC étaient trop indulgents, en permettant une interprétation trop généreuse par les auditeurs - tout en rejetant la plupart des recours des ONG (un mécanisme faisant partie intégrante du processus, mais jamais suivi d'effet). [MàJ du 16/09/14: Le MSC a répondu à ces accusations affirmant que l'objectif de la procédure d’objection était incompris, que certains scientifiques étaient juges et partis, rappelant par ailleurs que 9 objections sur 19 avaient abouti à la révision des rapports et à la mise en place de 13 nouvelles conditions pour les pêcheries concernées. Mais attendez... si les auteurs de l'étude sont à la fois juges et partis, c'est qu'ils connaissent particulièrement bien les procédures et sont les plus à même de les critiquer, non? Or, des ONG comme Greenpeace et Bloom (co-auteurs) perdent rarement leur temps à dénoncer des dysfonctionnements sans fondement...].
Or, un échange avec une scientifique de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration - agence américaine responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère) a révélé que le MSC venait récemment de labelliser plusieurs une pêcherie de Colin russe [MàJ 16/09/14] ... qui s'engage à respecter les critères du label, sans qu'aucune preuve ne puisse évidemment être apportée (*) - suivi et transparence russe oblige (on voit les dégâts avec la pêche illégale du crabe royal en Russie)... D'ici quelques temps, le consommateur devrait donc se retrouver à manger du colin russe pseudo labellisé dont il est impossible de vérifier le respect d'une pêche durable.
Pour le sérieux du MSC, on repassera. Fleury Michon n'est évidemment pas fautif, mais il convient désormais pour toute entreprise visant à être responsable de s'assurer que leurs fournisseurs puissent attester de leurs pratiques - et ne pas se contenter de la seule apposition d'un label. Cela semble être le cas avec le suivi américain du Colin (lire ci-après). Espérons que Fleury Michon ne sera pas tenté de sitôt à aller voir ailleurs, comme le fait déjà le groupe Iglo.
2. Suivi des stocks et gestion halieutique
Le colin d’Alaska (Theragra chalcogramma) vit dans le Pacifique Nord entre 100 et 300 m de profondeur. Il peut vivre 30 ans, atteignant sa maturité sexuelle vers 3-4 ans quand il mesure entre 20 et 50 cm (c'est l'âge à partir duquel il est pêché). Adulte, il peut mesurer jusqu’à 130 cm et peser 18 kg. Se répartissant en une douzaine de stocks distincts, ces derniers sont gérés par les administrations nationales (États-Unis, Japon, Russie, Corée du Nord), voire des commissions internationales quand les stocks chevauchent plusieurs eaux nationales. C'est la première espèce pêchée dans le monde, à raison d'environ 3 millions de tonnes par an ces dernières années contre 7 millions à la fin des années 80 - un déclin qui serait dû, entre autres facteurs, à la surexploitation de certains stocks (4).
Le colin reste toutefois régi par des quotas de pêche établis annuellement sur la base de recommandations scientifiques : l'ABC (Acceptable Biological Catch ou prises biologiques acceptables). Aux États-Unis, c'est ensuite le NPFMC (North Pacific Fishery Management Council) qui détermine le TAC (Total Allowable Catch ou total admissible de capture), en dessous ou égal à l'ABC. Si le TAC a chuté ces dernières années, il connait à nouveau une hausse (1,2 millions de tonnes en 2013, 1,75 en 2014 et 1,94 en 2015) (5).
Par ailleurs, des limites sont également fixées pour les prises accessoires (des espèces se retrouvant dans les filets bien que n'étant pas la cible des bateaux): les prises accidentelles de saumon notamment sont très contrôlées. Cet été, les prises trop importantes de calmars ont entraîné la fermeture de zones de pêche pour éviter d'atteindre les limites admissibles. Une fois celles-ci atteintes, toute la pêche au colin s'arrête pour la saison, que les pêcheurs aient ou non atteint le quota de colin. Enfin, ça, c'est pour la théorie. J'ai posé la question à des responsables de pêcheries: ils m'ont affirmé que ces limites n'avaient jamais été atteintes (donc, la pêche n'a jamais stoppé). Doit-on remercier des techniques de pêche ultra perfectionnées ou des limites trop élevées?
Il faut reconnaître cependant que le colin a la particularité de vivre en très larges bancs. De ce fait, aidé également par des filets adaptés laissant d'autres espèces s'échapper, 99% des prises sont du colin, ce qui évite un gâchis énorme (en moyenne, les prises accessoires sur le volume global
mondial pêché est de 8%, mais peut atteindre 95% pour les crevettes tropicales... une honte)(6). Nous l'avons vu sur le chalutier, sur deux chaluts remontés, le colin s'étalait à perte de vue, les autres espèces étaient très rares. D'ailleurs, les bancs de colin sont parfaitement reconnaissables sur les écrans de contrôle des chalutiers, comme en attestent ces captures d'écrans. Cela permet de jeter les filets au meilleur moment.
Enfin, des zones ont été établies, où la pêche est strictement interdite, notamment une petite bande de quelques kilomètres le long des côtes, mais aussi des parcs nationaux et des réserves (accéder à la carte) qui servent de refuge à la vie sauvage, tout particulièrement les lions de mer.
3. Les méthodes de surveillance
Dès lors que des quotas sont fixés, le déclaratif ne suffit pas et des contrôles constants sont effectués par des observateurs fédéraux. Ce sont des scientifiques diplômés en biologie marine, recrutés par un petit groupe d'agences assermentées pour le compte de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Chaque bateau partant en mer embarque obligatoirement un observateur fédéral, présent tout au long de la remontée des filets.
Ce dernier prélève des échantillons de poissons (cf. photo de droite en tête d'article) qui sont pesés et mesurés et les prises accessoires sont répertoriées. Un observateur ne passe jamais plus d'une saison à bord d'un même bateau (2 saisons par an, de janvier à avril, puis de juin à octobre), pour éviter tout "copinage", la corruption étant par ailleurs lourdement condamnée. J'imagine déjà la tête de nos pêcheurs français si des observateurs étaient imposés systématiquement à bord!!!
Par la suite, un autre observateur est présent lorsque le poisson est débarqué à l'usine. Dans celle que nous avons visitée, les prises accessoires triées ensuite des tapis roulants atterrissaient dans des bacs dont le contenu était on ne peut plus visible de l'extérieur. N'importe quel observateur peut y jeter un coup d'oeil...
Des tableaux de suivi, bateau par bateau, espèce par espèce sont diffusés pour suivre l'état des prises quotidiennement. Chaque pêcherie peut donc gérer ses quotas et donner des directives à sa flotte qui sortirait de la moyenne, mettant en péril le reste de la saison. Franchement, sur cet aspect, c'est très certainement bien plus sérieux qu'en Europe.
4. Les impacts sur l'environnement
Est-ce vraiment durable de pêcher un million de tonnes de poisson chaque année (rien qu'aux US)? Nous pourrions croire que les quotas sont ajustés de manière à préserver la manne... Pourtant, certaines ONG ne l'entendent pas de cette oreille, Greenpeace en tête, mais aussi l'aquarium de Monterey (Californie), à l'origine de Seafood Watch, un des plus vastes programmes de sensibilisation à la pêche durable dans le monde.
Ainsi, si l'aquarium reconnaissait que le colin d'Alaska était généralement bien géré, des questions subsistaient sur l'état des populations (qui ont connu un déclin depuis 20 ans) et les impacts des chaluts. En effet, bien que les pêcheries n'utilisent dans la mer de Béring que des filets d'eaux moyennement profondes, il est estimé que ces chaluts touchent les fonds marins 44% du temps. Étonnamment, j'ai du recourir au cache de Google (permettant de rendre visible d'anciennes pages) pour retrouver ces données citées dans plusieurs articles parus en 2013, mais qui ont désormais disparu du site de Seafood Watch.
En raclant les fonds marins, les filets endommagent les éponges et les nombreux coraux d'eaux froides, d'autant plus fragiles que leur croissance est très lente (4 à 25 mm/an). En 2007 et 2012, Greenpeace a d'ailleurs mené plusieurs expéditions dans la mer de Béring, entre l’Alaska et la Russie, pour filmer les profondeurs et les canyons Zhemchug et Pribilof, les plus grands canyons sous-marins du monde. L'ONG a ainsi révélé l’existence d’une faune incroyablement diversifiée, qui reste extrêmement vulnérable face à la surpêche dans cette région du globe, comme le montre ce petit reportage de LinkTV.
L'ONG estime que 73 tonnes de coraux sont réduits en miette chaque année dans la mer de Béring et les Îles Aléoutiennes (7), proposant alors la mise en place d’une zone protégée autour de ces deux gros canyons pour servir de pépinière de jeune poissons et contribuer au repeuplement des fonds marins - sachant que seuls 4% des colins y sont pêchés. En avril dernier, l'ONG a été déboutée de sa demande. La NOAA estime que "des zones entières de ces grands canyons n'abritent quasiment pas de coraux tandis que de larges zones en dehors de ces périmètres en sont très riches. Si le but est de protéger ces habitats sensibles, il y a sans doute de meilleures façons de le faire que de fermer tout simplement l'accès de ces canyons à la pêche" (8). Si Greenpeace dit vrai, à savoir que seul 4% du colin y est pêché, cela semble plus subtile de protéger ces zones que recourir aux "meilleures solutions" de la NOAA que personne ne propose au demeurant pour l'instant...
Enfin, il persiste des inquiétudes sur le rôle de la pêche et le déclin des lions de mer de Steller, désormais très protégés, mais qui se nourrissent notamment de colin. De gros efforts ont été fait à ce niveau depuis 10 ans, avec la mise en place de zones interdites de pêche - mais des études plus poussées sont nécessaires pour comprendre toute la chaîne alimentaire et la façon dont la pêche peut impacter à différents échelons.
Et Fleury Michon dans tout cela?
Nous pourrons toujours argumenter sur les quantités pêchées, Fleury Michon n'est qu'un pion sur un échiquier où seul le consommateur joue en décidant de l'espèce qu'il consomme et en quelle quantité. A se plonger au coeur du monde de la pêche, tout n'est pas si simple. Du gâchis plus ou moins important selon les espèces à la surveillance du bon respect des quotas, des techniques utilisées à la transparence des données, il y a une hétérogénéité mondiale épouvantable et totalement opaque.
Échelle industrielle pour échelle industrielle, mieux vaut que l'entreprise s'en remette au Colin après tout. Quitte à manger du poisson, sans doute vaut-il mieux au final opter pour un poisson très surveillé, qui génère très peu de gâchis, à la condition qu'il soit pêché dans les eaux américaines et non russes (zéro confiance sur le suivi), en comptant sur la vigilance d'ONG comme Greenpeace pour identifier les zones les plus sensibles et faire pression pour les protéger.
Je rappelle qu'en 2010, la quantité de thon rouge de l'Atlantique Est négocié sur le marché mondial dépassait le quota légal de 141 % (9) et, d'une manière générale, les pêcheurs européens semblent incapables de respecter le moindre quota, quelles que soient les espèces. Ce n'est d'ailleurs qu'en 2013 que l'Union Européenne a pondu dans la douleur un accord contre la surpêche... qu'il reste à faire respecter.
Et si le consommateur commençait par devenir plus raisonnable sur les quantités qu'il absorbe, en acceptant d'y mettre le juste prix?
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Pour aller plus loin:
Un livre a vu le jour sur les enjeux de la pêche du Colin d'Alaska, je ne l'ai pas lu mais voici ses références: Kevin M. BAILEY (2013) "Billion-Dollar Fish: The Untold Story of Alaska Pollock", University Of Chicago Press, 288 p.
Sources:
(1) Guide des espèces 2013, Alliance Produits de la Mer
(2) Source: Association Bloom
(3) "A review of formal objections to Marine Stewardship Council fisheriescertifications", C. Christiana, D. Ainleyb, M. Baileyc, P. Daytond, J. Hocevare, M. LeVinef, J. Nikoloyukg, C. Nouvianh, E. Velardei, R. Wernera, J. Jacquet, Biological Conservation 161 (2013) p.10-17
(4) Fiche espèce: le colin d'Alaska,
(5) Council motion – GOA Groundfish harvest specifications (pdf qui s'ouvre), NPFMC
(6) "Guide pour la réduction des prises accessoires dans la pêche au chalut des crevettes tropicales", FAO (2009)
(7) "Is it time for Bering Sea Canyon Marine Protected Areas yet?", Greenpeace (8 avril 2014)
(8) "Canyons, Corals, and Sustainable Fishing in the Bering Sea", NOAA (juin 2014)
(9) "Le thon rouge de Méditerranée souffre plus que jamais de surpêche et de fraudes", Notre Planète info (oct. 2011)
(*) [MàJ 16/09/14] Je cite, sur le communiqué de presse du MSC:"Lors de l'évaluation, l’organisme de certification a identifié huit plans d’actions que la pêcherie devra accomplir durant la période de certification et qui permettront notamment de renforcer son programme de surveillance et d'observation". On est donc bien dans les engagements. Pas des pratiques déjà en cours...
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lundi, 18 août 2014
L'Oréal teste-t-il les cosmétiques sur les animaux?
Officiellement, "L’Oréal ne teste plus aucun de ses produits ou ingrédients sur l’animal, et ce partout dans le monde. [Le groupe] ne délègue pas non plus cette tâche à d'autres. Une exception pourrait être tolérée si une autorité l’exige à des fins sécuritaires ou réglementaires"(1).
Relativisons. L'engagement respecte en ce sens les réglementations européennes, interdisant depuis 2004 tout test sur les animaux pour les produits finis, puis les tests pour les ingrédients en 2013 (2). Pourquoi tant de décalage entre les deux directives? Une des raisons invoquées a été de pouvoir proposer des méthodes alternatives de test répondant aux standards de l'ECVAM (European Centre for the Validation of Alternative Methods), organisme officiel créé en 2011. Gageons qu'entre 2004 et 2011, des troupeaux de lobbyistes ont du faire tout leur possible pour freiner les procédures.
Toujours est-il que L'Oréal a longtemps souffert d'une mauvaise presse en matière de tests sur les animaux... Or, le groupe s'est préparé depuis longtemps pour tirer son épingle du jeu. Dès 1989, des protocoles d'évaluations dites "prédictives" étaient mis en place, permettant de ne plus tester les produits finis sur les animaux (soit 14 ans avant la Directive européenne). Restaient les ingrédients... en 2011, le groupe lançait le centre Episkin près de Lyon (ça tombe bien, c'est la même année que la création de l'ECVAM), une plateforme de recherche entièrement dédiée à la reconstruction de tissus humains pour évaluer la sécurité des substances appliquées. Ce n'est donc finalement qu'en 2013 que le groupe annonçait officiellement ne plus tester les ingrédients sur les animaux (ce qui implique l'engagement de près d'une centaine de filiales). Les mauvaises langues diront qu'ils se sont contentés de respecter la législation européenne qui entrait en vigueur cette même année... mais à leur décharge, l'engagement portait sur le monde entier, où cette réglementation ne s'appliquait pas.
Pour être transparente avec vous, j'ai été conviée à visiter Episkin fin mai (oui, je sais, je ne suis pas pressée pour écrire...) - fort intéressant je dois dire. Imaginez: 140 000 unités de tissus sont reconstruits par an (épiderme, derme, cornée oculaire...) à partir de déchets opératoires. D'autres centres ouvrent petit à petit dans le monde pour disposer de divers types de peau (peau asiatique, noire...), car leurs caractéristiques et leurs réactions diffèrent. Ces disques de tissus vivants servent à évaluer des milliers d'ingrédients. Je regrette cependant que ces derniers soient testés un par un, sur du court terme (impossible de mesurer les effets d'ingrédients sur plusieurs mois et encore moins un cocktail de produits) - un problème commun à tous les secteurs recourant à des produits chimiques, pas seulement les cosmétiques. Petite présentation d'Episkin:
Reportage (en anglais) tourné par la chaîne Bloomberg en 2011 sur Episkin
Comment recréer l'épiderme: cliquez l'image pour l'agrandir (désolée, uniquement en anglais) (3)
Pas fou - les investissements représentent 30 millions d’euros par an, L'Oréal propose ces épidermes reconstitués à la vente (Bloomberg TV mentionne 55 euros le disque en 2011).
Au vu de l'infrastructure hyper protégée high tech, on peut légitimement se demander comment certaines entreprises procédaient avant 2013, voire 2004, qui affirmaient ne tester ni les ingrédients, ni les produits finis sur les animaux (Body shop racheté par L'Oréal en 2006, Yves Rocher, Weleda...). Mais... en creusant, il apparait très vite que l'opacité règne bien souvent, à la plus grande confusion des consommateurs.
Pour preuve, les listes de marques conseillées respectant les animaux varient d'une association à une autre. Yves Rocher est listé par l'association One Voice (voir la liste de produits labellisés garantissant qu’un produit n’a pas été testé sur les animaux) mais pas Body Shop. C'est exactement le contraire avec le label Humane Cosmetics Standard (HCS) de l'association Gaïa. Pratique!!! (mais plusieurs marques figurent dans les deux, à bon entendeur...).
Ne noircissons pas le tableau toutefois. Un groupe comme L'Oréal a d'énormes moyens financiers, certes... mais c'est une machine monstrueuse à mouvoir. J'ai pu constater avec plaisir que certains de ses représentants sont tout aussi motivés que vous et moi à vouloir bien faire. Mais là où au sein d'une PME, il suffit parfois d'un seul directeur de département montant au front pour transformer des process, ce n'est pas le cas dans une multinationale. Et rappelez-vous, le propre de toute entreprise est de combler les attentes du consommateur. A lui de faire pression car au final, c'est lui qui a le dernier mot... dans son panier d'achat.
Reste la dernière phrase de l'engagement de L'Oréal citée en tête d'article: "Une exception pourrait être tolérée si une autorité l’exige à des fins sécuritaires ou réglementaires". C'était le cas de la Chine, qui obligeait d'effectuer des tests sur des animaux pour des produits vendus sur son territoire. Le gouvernement vient tout juste de supprimer cette obligation cet été. Il n'est pas impossible que L'Oréal ait joué un rôle dans cette décision, mettant en avant sa technologie (voir à ce titre le reportage sur CCTV). Si influence il y a eu, seul un groupe avec une telle force de frappe pouvait réussir - les animaux chinois apprécieront et nous avec. Malheureusement, il n'est pas interdit que d'autres pays aient des exigences similaires...
Sites officiels: www.episkin.fr et son Centre d'évaluation prédictive: www.lorealpredictive.com
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Sources
(1) Site du groupe: Engagement de L'Oréal contre les tests sur les animaux
(2) Pour plus d'info, consulter la page dédiée sur le site de la Commission Européenne
(3) Source du diagramme: New Scientist
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mardi, 12 août 2014
#VenezVerifier Fleury Michon : c'est fait!!!
Durant 3 mois, j'ai participé en tant que blogueur à la campagne #VenezVerifier de Fleury Michon, visant à démontrer la qualité de son surimi (voir article "Fabrication du surimi: des additifs à la pêche durable"). Dans ce cadre, des blogueurs ont été conviés à observer tout le processus de fabrication, de la pêche du colin d'Alaska au produit final - l'entreprise faisant le pari osé d'ouvrir les portes de ses usines et d'embarquer quelques blogueurs (dont j'ai fait partie) à bord d'un chalutier. Premiers retours sur une aventure humaine extraordinaire.
Un groupe agroalimentaire qui ouvre ainsi ses portes, c'est à la fois passionnant et absolument exceptionnel (j'en sais quelque chose, le blog vient de fêter ses 9 ans d'existence). Or, cela tombait bien, j'avais constaté peu avant le lancement de la campagne qu'effectivement, le surimi de Fleury Michon n'avait aucune cochonnerie contrairement à la concurrence. J'ai donc tout de suite été prise au jeu d'en savoir plus. Après la visite d'usine en Vendée (fabrication du surimi à partir des pains de poissons), restait le principal: la pêche et la transformation du poisson en pains.
Si une trentaine de blogueurs étaient présents au démarrage, impossible financièrement d'emmener tout le monde sur un chalutier au beau milieu du Pacifique. Mais au fur et à mesure de l'avancée de la campagne, seule une petite quinzaine de blogueurs participaient au stage de survie en mer - étape obligatoire avant sélection finale (voir article "Tout va bien, je suis dans un radeau de survie!").
Au delà de passer le stage avec succès, le choix définitif des 6 blogueurs retenus a surtout reposé sur leur motivation et leur diversité: une blogueuse culinaire, un nutritionniste, 2 blogueuses famille/maman, un du marketing et moi de l'environnement. Pas de favoritisme en fonction d'éventuels kilos d'éloges, je suis la première à pouvoir l'attester!
Nous sommes donc partis début juillet pour Seattle, point de chute où siège le Genuine Alaska Pollock Producers (GAPP) - l'organisme regroupant les pêcheries de Colin ("Pollock", en anglais). Puis direction Dutch Harbor en Alaska, principal port de pêche des États-Unis situé au milieu des Îles Aléoutiennes, entre le Pacifique et la mer de Bering (voir la carte). Nous avons passé une journée en mer sur un chalutier de la compagnie Trident Seafood pour assister aux remontées des filets et observer les conditions de pêche. Enfin, nous avons visité une des usines de transformation du poisson en pains congelés (celle d'UniSea), qui sont ensuite acheminés en Vendée pour fabriquer le surimi.
Je reste bluffée par l'opération de Fleury Michon. Évidemment, on trouvera toujours à redire, tout n'est pas rose quand on prélève des milliers de tonnes de poissons arrachés à la mer. Mais leur volonté de transparence doit être saluée. Ma seule présence en blogueuse environnement (sujet hautement plus sensible dans ce contexte que les thèmes culinaire, maman ou marketing) en sont une belle preuve.
Ces 8 jours d'aventure ont été tellement riches d'enseignement et de découvertes que je vais prendre un peu de temps pour rendre compte de mon analyse. Je vous donne donc rendez-vous à la rentrée. Restez à l'écoute!
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lundi, 30 juin 2014
Comment British Airways a égaré ma belle-mère...
Exceptionnellement, j'use du blog pour dénoncer le comportement inadmissible de British Airways. Ou comment ma belle-mère, bénéficiant d'une assistance médicalisée, a été oubliée dans un aéroport, y a passé une nuit sans hôtel, ni eau, ni nourriture et mis 78h à rejoindre la Nouvelle-Calédonie où elle réside, au lieu des 36h initiales - le tout, sans prévenir sa famille. Il faut le lire pour le croire, tellement British Airways a cumulé d'erreurs.
Tout a commencé mercredi 25 juin dernier. Belle-maman prenait un avion de la British Airways (BA) en partance de Paris pour Heathrow (Londres), avec ensuite une connexion pour Sydney puis un Sydney-Nouméa. Quittant la France à 19h40 le mercredi, elle devait arriver à 7h50 le vendredi (heure de Paris), soit 36h de voyage au total. Et oui, faut être motivé pour aller à l'autre bout du monde...
Oubliée dans la mauvaise salle d'attente
Ayant du mal à marcher et bénéficiant d'une aide médicalisée, elle est prise en charge toute la durée du voyage, conduite en fauteuil roulant d'un point à un autre. Arrivée à Heathrow, elle est emmenée en fauteuil dans une salle d'attente pour embarquer sur le vol de Sydney 1h30 plus tard. Ne voyant personne revenir au bout d'une heure, belle-maman demande de l'aide, cherchant désespérément quelqu'un comprenant le français (elle ne parle pas un mot d'anglais). Le temps de trouver un anglais comprenant la situation, l'embarquement est clos, elle rate son avion. [Nous avons su 3j plus tard ce qu'il s'est passé: le personnel de BA s'est trompé d'embarquement, la conduisant dans la mauvaise salle puis oubliant son existence!]
Un nouveau plan de route psychédélique
Retrouvant péniblement quelqu'un parlant français pour lui refaire son plan de route (à 22h, dans le plus grand aéroport d'Europe, personne n'est fichu de trouver un interprète, d'appeler la permanence de l'ambassade ou ne serait-ce que demander gentiment à un collègue d'Air France d'intervenir...), surprise: British Airways la fait partir le lendemain à 16h pour Los Angeles, puis Auckland, un véritable chemin des écoliers!!! Regardez sur une carte: de Los Angeles, la Nouvelle-Zélande est bien plus loin que la Calédonie. Bref, cela revient à passer par Dubai pour arriver à Berlin de Paris... Nouvelle arrivée prévue samedi 28 à 1h50 (heure de Paris) avec 18h de retard. A Heathrow, il est alors minuit. BA lui propose un hôtel à une trentaine de kilomètres de l'aéroport en lui disant qu'elle doit s'y rendre par ses propres moyens et revenir le lendemain. J'hallucine! Je rappelle qu'elle était sous assistance médicalisée, ne parlant pas un mot d'anglais. Trop inquiète, elle décide de passer la nuit sur place. La compagnie ne lui offre ni aide, ni eau, ni nourriture, ni ne lui propose d'appeler ses proches. Cerise sur le gâteau, BA n'a même pas la décence de la surclasser, pourtant conscients de leur responsabilité.
Prévenus par une amie le jeudi à 15h
Le lendemain jeudi, la maman réussit à appeler une amie travaillant dans une agence de voyage en France, qui nous prévient. Tout ce que nous savons alors est que la maman a raté sa connexion, passé la nuit à l'aéroport et repart via les USA par un vol à 16h ce jour. Immédiatement, nous tentons d'appeler la BA. Heathrow ne répondant pas, nous finissons par joindre une responsable à Paris au bout d'une heure. Impossible d'en savoir plus sur le plan de route, sauf à annoncer une arrivée le samedi. Elle reconnait que British Airways a commis une erreur (cf.l'enregistrement de la conversation ci-dessous). Ce sera notre seul contact avec la compagnie jusqu'à l'arrivée 3j plus tard...
A son invitation, nous envoyons dans la foulée un mail au service clientèle - seul moyen de contact (quelques tweets ravageurs à British Airways n'ont eu comme seule réponse le lien vers le même formulaire client. Aucune excuse, aucune message privé. Magnifique sens de la relation client).
Vendredi 27: toujours sans nouvelle
L'amie a appris que la maman passait par Los Angeles. Nous n'en saurons pas plus. BA nous renvoie un mail générique accusant réception de notre réclamation. Silence radio ensuite...
C'est pas fini... arrivée encore repoussée au dimanche
Rebondissement samedi matin: tandis que belle-maman devait arriver au petit matin, son amie nous appelle en informant qu'elle est dans un hôtel à Auckland et nous donne le numéro. Passons l'accent kiwi de l'hôtel pour comprendre que, et le nom du passager et le numéro de chambre avaient été égratignés quand BA a transmis les infos et, Ô miracle, nous parlons enfin à belle-maman!!! En fait, son vol de Los Angeles est arrivée en retard, ratant sa connexion pour Nouméa. Elle doit donc partir le lendemain à 3h (heure de Paris), pour une arrivée à 6h. Ouf?
C'est pas fini (comme la pub, hein?)
De retour à l'aéroport d'Auckland, re-surprise. Air Calin (qui assure le vol jusqu'à Nouméa) exige que la maman paye son billet (670 euros), sinon pas question d'embarquer!!! Son sang ne fait qu'un tour, menaçant de rester à l'aéroport car elle ne payerait pas. Après d'âpres discussions, ils finissent par l'embarquer... Sous assistance médicalisée, avec des traitements à prendre, un problème de ligament aux chevilles qui l'interdisent de marcher longtemps, ma belle-maman aura mis 78h pour arriver à destination, soit plus du double que prévu.
A cette heure, toujours aucun signe de vie de British Airways, d'où cet article. Bien sûr, nous allons porter plainte, mais je compte sur vous pour partager cet article autant que possible afin que cette histoire ne se reproduise pas.
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mardi, 13 mai 2014
Conso collaborative: découvrez ZenWeShare, l'outil 2.0 pour se faire confiance
Pour profiter de l'explosion de services liés à la consommation collaborative (revente d'objets, covoiturage, prêt de matériel, nuitées chez l'habitant...), il faut parvenir à faire confiance à des inconnus - une confiance qui doit toutefois être reconstruite pour chaque site. Bonne nouvelle! Ce côté fastidieux est en passe de disparaître grâce à un tout nouveau site: ZenWeShare.
La confiance est la clé de la réussite de l'économie collaborative. Au fur et à mesure des transactions et des échanges, vous bâtissez une réputation qui va inspirer de plus en plus la confiance des utilisateurs et accroître vos chances de collaborer. C'est un enjeu primordial.
Oui mais voilà, vous qui êtes connu comme le loup blanc pour votre sérieux sur blablacar (covoiturage) et Etsy (vente d'objets faits main), vous arrivez en mode newbie sur Airbnb (location de logement entre particuliers) et la méfiance règne. Ah, si seulement vous pouviez prouver aux usagers d'Airbnb que derrière le pseudo Petitloupdesplaines se cache un internaute dont la fiabilité est maximale sur blablacar et Etsy...
Et bien c'est exactement ce que fait ZenWeShare, une petite startup française qui a du flair! Le site est une plateforme qui vous permet de rassembler vos profils utilisateurs d'un nombre grandissant de sites collaboratifs. ZenWeshare vient tout juste de voir le jour et déjà, une vingtaine de plateformes ont déjà signé un partenariat (des poids lourds comme Amazon, Ebay, Priceminister, mais aussi Zilok, Ouicar, ceux précédemment cités...).
Le fonctionnement est enfantin: vous créez gratuitement un compte ZenWeshare puis via le site, vous vous connectez aux autres plateformes où vous disposez d'un compte. Vos notations sont alors rapatriées et rassemblées. Ne reste plus qu'à ajouter un lien vers votre profil ZenWeShare sur les nouveaux sites collaboratifs désirés pour asseoir votre réputation.
Tout le monde y gagne: vous, car vous récupérez votre réputation d'un site à l'autre, les plateformes collaboratives où les transactions sont encouragées et ZeWeShare, rémunéré grâce aux partenariats. Rappelons que ce service démarre mais à terme, il est déjà prévu que les plateformes partenaires puissent proposer d'afficher une vignette bien visible de façon automatisée, évitant aux utilisateurs de recourir à l'insertion manuelle d'un lien sur leur profil. De quoi rester zen...
Site officiel: www.zenweshare.com
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lundi, 07 avril 2014
Fabrication du surimi : des additifs à la pêche durable?
J’ai longtemps pensé que le surimi était un ersatz de poisson fabriqué à partir de résidus agrémentés de conservateurs, de colorants et autres joyeusetés artificielles. Optimiser ainsi des supposés restes n’était pas un problème, recourir à ces produits additifs, si.
Or, en février dernier, je me suis retrouvée au rayon des surimis où il me prit l’envie de lire les ingrédients. Je n’étais pas déçue, enchaînant les cumuls d’additifs dégueu jusqu’à ce que, surprise, je tombe sur une marque (Fleury Michon en l'occurence) où ne figuraient ni polyphosphate ou sorbitol (stabilisants), ni glutamate de sodium (exhausteur de goût), ni carmin (colorant naturel*). Effet wow garanti…
Le mois suivant, le hasard faisant bien les choses, voilà que cette même marque me contacte pour m’inviter à décrypter le processus de fabrication de son surimi. Mot d’ordre ? #VENEZVERIFIER, nom officiel de cette campagne visant à démontrer la qualité de sa production. Piquée au vif, j’ai accepté de relever le défi. [ndlr. Je rappelle que ce n'est pas un billet sponsorisé, mais bien la narration d’une expérience blogueur/marque où vous, lecteur, avez tout loisir d’intervenir au travers de vos commentaires].
Les additifs
Première action, forte de mon expérience au supermarché local : aller à la pêche aux ingrédients des bâtonnets de base d’un plus grand panel de concurrents. Le constat s’impose : Coraya, Cora, Auchan, Monoprix, Leclerc (produit par Fleury Michon**) comportent tous un cocktail de stabilisants (sorbitol E420 et/ou polyphosphates E452), du glutamate de sodium, voire un colorant dont on se passe (carmin plutôt que du paprika). Seules marques rescapées : des bâtonnets Carrefour (aussi produits par Fleury Michon) et Compagnie des pêches St Malo (dont certains ingrédients sont même issus de l’agriculture biologique). [N’hésitez pas à compléter en commentaire].
La pêche est-elle durable ?
Le surimi est composé de filets (et non de résidus) de poisson à chair blanche mixés (minimum 35% du produit fini selon la norme AFNOR en vigueur), auxquels sont ajoutés de la fécule, des blancs d’œuf, de l’huile végétale (Colza généralement) et des arômes. Il s’agit le plus souvent de colin d’Alaska – en l’occurrence, Fleury Michon recourt à 90% de colin et 10% de Merlu blanc du Pacifique (liens en anglais car beaucoup plus complets). On regrettera que sauf exception, aucune marque ne précise les espèces de poisson dans ses ingrédients [MàJ 12/04/14 : bonne nouvelle, cela va devenir obligatoire dans les prochains mois].
Plusieurs enseignes proposent des surimis dont le poisson est labellisé MSC (Marine Stewardship Council), c'est-à-dire considéré comme ayant été pêché durablement, sans mettre les stocks en danger. C’est le cas pour Fleury Michon (mais aussi pour Coraya notamment).
Or, rien qu’en France, 60.000 tonnes de surimi sont consommés par an (la marque occupant 25% de ce marché). Mondialement, les quantités font donc frémir et plusieurs ONG (Greenpeace en tête) réclament de réviser les statuts du Colin et du Merlu – qui ne sont actuellement pas considérés en danger.
Cette question de la quantité est au cœur même de nos modes de consommation dont le consommateur est le premier acteur. Car oui, cela peut faire figure de lapalissade… mais c’est toujours le consommateur qui peut tuer une marque et non le contraire. Comme je le dis toujours, aucune goutte de pluie ne se sent responsable des inondations.
Étape n°1: des bons points...
Je reconnais que Fleury Michon a fait effectivement un gros effort sur ses produits au regard de la concurrence (pour un prix à peine plus cher). L’exploration se poursuit (décryptage des modes de pêche, des arômes ajoutés…) et si la marque continue à jouer le jeu, même si tout n’est pas parfait, nous pourrons alors saluer sa volonté de transparence. Je vous tiens bien évidemment au courant ;-)
D’ici là, je vous invite à me faire part de vos interrogations/critiques/remarques dans les commentaires.
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* Le carmin est un colorant produit à partir de cochenille, un insecte vivant sur des cactus surtout cultivés en Amérique latine. Diverses étapes sont nécessaires pour obtenir le colorant, avec parfois un traitement aux sels d’aluminium. Colorant potentiellement allergisant. Plus d'info sur ce site. Sincèrement, quand on sait qu'on peut obtenir la même coloration de surimi avec du paprika...
** Pour info, nombre de grands fabricants fournissent les marques distributeurs - avec l'obligation de répondre au cahier des charges de ces derniers, d'où des différences de recettes. Concernant Leclerc, il semblerait que certains additifs comme le polyphosphate viennent d'être supprimés. Info non vérifiée.
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vendredi, 08 novembre 2013
Le développement durable, vu par l'Oréal et Alexandra Palt, sa directrice RSE
Le 23 octobre dernier, L'Oréal annonçait ses engagements en matière de développement durable à horizon 2020, organisant dans la foulée son Forum "Réenchanter la consommation durable", réunissant ONG partenaires et entreprises pour partager leurs expériences.
Invitée à assister au débat, je craignais un bel exercice de com enrobée de greenwashing green icing. En même temps, j'avais en mémoire la récente enquête Global Green Brands sur le décalage entre la crédibilité des allégations vertes des 100 plus grandes marques mondiales et leurs performances réelles en la matière, avec une perception souvent faussée des consommateurs, aussi bien positivement que négativement. Or, L'Oréal s'avère une des marques les plus pénalisées, aux performances bien supérieures à ce que croient les consommateurs.
Qu'apprend-on des engagements du groupe d'ici 7 ans? Trois éléments majeurs :
- L'ensemble des produits du groupe auront un impact environnemental ou social positif, avec un effort notamment sur des formulations moins impactantes (ressources renouvelables, moins d'eau utilisée, chimie verte...) et/ou un packaging mieux pensé.
- Empreinte environnementale réduite de 60% (60% de CO2 provenant des usines et centrales de distribution en moins par rapport à 2005, 20% de CO2 en moins pour le transport de produit par rapport à 2011, 60% de consommation d’eau et de production de déchet en moins par unité de produit fini par rapport à 2005, zéro déchet en décharge).
- Le profil environnemental et sociétal de tous les nouveaux produits seront rendus accessibles aux consommateurs, qui pourront participer à un comité consultatif de consommateurs pour influencer sur les actions développement durable du groupe.
Est-ce suffisant pour un groupe avec une telle force de frappe ?
Soyons honnête, le consommateur lambda (aussi bien chinois, russe ou français) se soucie bien plus du logo sur son produit cosmétique que ses ingrédients qu'il est de toutes les façons incapables de décrypter. Il est alors tentant pour un groupe où l'aura de la marque fait sa renommée en assurant ses ventes de ne pas imposer de choix trop radicaux. Mais tout de même, je regrette l'absence de labels, avec des années références trop récentes (tel 2011 pour les transports!!!) et des aspects quantitatifs relatifs aux formulations et packaging bien vagues. Mention spéciale aussi aux infographies du site de L'Oréal totalement biaisées (et dans ce genre de contexte, ce n'est jamais un hasard, d'où la critique acerbe): l'échelle des abscisses n'est pas respectée, masquant en fait un net affaiblissement des courbes (et donc, des efforts : voir la courbe réelle) - la question de savoir si finalement, les objectifs 2020 ne sont pas presque atteints et auraient donc pus être poussés plus loin se pose.
Mais je veux rester positive car, finalement, le meilleur signe de ces engagements est peut-être la volonté du groupe de s'ouvrir aux parties prenantes, comme à l'occasion de ce Forum où j'ai pu ensuite poser quelques questions à la directrice RSE du groupe.
Entretien avec Alexandra Palt, Directrice Responsabilité Sociétale et Environnementale du Groupe L'Oréal
1. Qu'est ce qui a motivé la démarche de proposer une telle conférence? Quels en étaient les résultats/effets attendus?
Comme vous le savez, nous avons annoncé le matin de la conférence nos engagements en matière de développement durable à horizon 2020. La consommation durable est au cœur de ces engagements, puisque nous voulons en 2020, donner à tous les consommateurs de produits L’Oréal la possibilité de faire des choix de consommation durables. C’est un engagement très ambitieux, qui répond à une problématique à laquelle l’ensemble des industries de consommation vont être confrontées dans l’avenir. Mais c’est un sujet complexe, sur lequel nous ne prétendons pas avoir toutes les solutions. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu rassembler les experts les plus pointus de ces questions au niveau mondial actuellement, nos cinq partenaires BSR, Futerra, Forum for the Future, Sustainable Brands et WBCSD, pour faire avancer en Europe et en France la réflexion collective sur le sujet, en invitant des experts RSE, des pouvoirs publics, des ONG, et s’inspirer ensemble en partageant des beaux exemples .
2. Tout au long de cette conférence, des entreprises, des ONG se sont exprimées, sauf L'Oréal (hors intro/conclusion): pourquoi un tel effacement de soi?
C’est un choix, l’idée n’était pas de nous mettre en avant, mais de partager un certain nombre d’exemples inspirants. Nous avons introduit et conclu, donc nous n’étions pas complètement en retrait non plus.
3. Parmi les entreprises qui sont intervenues, quelques-unes n'ont pu s'empêcher de vraiment s'auto promouvoir (notamment BMW qui a été jusqu'à passer sa publicité). Dans un contexte où même L'Oréal s'est mis en retrait, cela paraît maladroit. Aviez-vous établi un cadre d'intervention ou aviez-vous laissé au contraire une grande liberté sur le choix des sujets?
Nous avons voulu laisser la parole libre bien sûr, et l’idée était de partager ensemble des best practices, que nous avions identifiées comme telles, avec nos partenaires, sur le sujet. Donc je ne pense pas que cela était maladroit, nous voulions que chaque entreprise choisie présente ce qu’elle a fait de manière complète. Le cas BMW i est intéressant de la conception jusqu’à la communication au consommateur par le biais de la publicité.
4. Que retenez-vous de cette expérience?
Une expérience formidable, de voir des intervenants venus du monde entier apporter leur expertise et leur passion sur le sujet. Je suis pour ma part très heureuse d’encourager ces échanges, qui nous permettent de nous inspirer les uns les autres, par-delà les secteurs.
5. Si c'était à refaire, changeriez-vous d'emblée quelque chose à cette formule et quels nouveaux objectifs aimeriez-vous atteindre?
Nous ne changerions pas grand-chose. Nous avons atteint notre objectif de rassembler des experts RSE, des entreprises, des ONG, des représentants des pouvoirs publics, pour partager ensemble des solutions innovantes en matière de consommation durable.
6. L'expérience sera-t-elle réitérée?
Oui sans doute, nous aimerions poursuivre la réflexion, en prenant en compte les contextes culturels régionaux, par exemple en organisant des échanges en France.
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En mentionnant la possibilité d'organiser des échanges en France (dernière phrase), voilà peut-être le début de la véritable évolution du groupe. Instaurer un dialogue accroit considérablement les chances de se rendre compte à quel point le monde et les mentalités évoluent et attendent du changement : c'est souvent l'élément déclencheur le plus efficace pour opérer un changement de cap. Espérons.
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Site officiel des engagements DD du groupe: http://lorealcsr2020.com
Crédit photo: L'Oréal
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mardi, 29 octobre 2013
Afterwork le 7 novembre : découvrez le projet Senseschool
Le réseau Femmes & Développement Durable organise le 7 novembre prochain un afterwork pour découvrir le projet SenseSchool. Venez nombreux!
De quoi s'agit-il? Inspiré de l’expérience de la communauté MakeSense, SenseSchool propose à des étudiants de réfléchir autour de défis d'entrepreneurs de l'ESS (économie sociale et solidaire) pour proposer des solutions innovantes. Montée en entreprise, SenseSchool met en place des programmes de formation et accompagne ces étudiants qui acquièrent de ce fait des compétences clés pour leur insertion professionnelle. L'équipe a ainsi travaillé avec l'ESCP Europe (en savoir plus sur le projet).
L'afterwork sera animé par Marine PLOSSU, Présidente et co-fondatrice de SenseSchool et Caroline DELBOY, Directrice Générale et co-fondatrice.
Informations pratiques
Ouvert à tous, tarif: gratuit adhérents / participation libre (1) non-adhérents
Inscription : obligatoire, envoyez un mail à femmesdd[at]gmail.com
Horaire: 19h15 - 20h30
Lieu: Espace SenseCube, 11 rue Delouvain, 75019
Accès: à 100m du métro Jourdain, Ligne 11
(1) Donnez ce que vous voulez sur place, cela permet d'aider au fonctionnement de l'association.
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