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mercredi, 13 avril 2016

Il y en a 67000 qui se cachent sous votre serviette de plage et vous n'oserez plus vous allonger.

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5 plages françaises et espagnoles passées au peigne fin. Résultat: 67.423 mégots de cigarettes, 25.693 sacs plastiques, 15.959 cotons-tiges, 7 frigos, 607 ballons de baudruche et... 2 télés. Tel est le triste bilan de la dernière campagne de l'ONG Surfrider.


Des clopes au plastoque, l'inventaire à la Prévert révélé par l'étude publiée par l'ONG Surfrider hier a de quoi faire frémir. Il n'est pourtant qu'une infime fraction des 8 millions de tonnes de déchets qui finissent chaque jour dans l'océan. Non seulement ces déchets polluent, mais ils menacent et tuent la faune marine, comme en témoigne cette triste photo:

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Pourtant, ce n'est pas une fatalité, si tout est qu'en tant que consommateur nous tâchons sérieusement de réduire notre production des déchets et leur déversement dans la mer:

  1. Réduire au maximum notre production de déchet en faisant notamment la chasse au jetable, au suremballage et au low cost, dont la durée de vie des produits (notamment l'électronique) est réduite au minimum.
  2. Trier autant que possible, mettre soigneusement dans les poubelles (c'est valable aussi pour les mégots et les chewing gum)
  3. Lors de voyages dans des pays émergents, se souvenir que les filières de traitement des déchets sont peu développées: tout ce que nous jetons est susceptible de se retrouver à la mer. Il faut rester particulièrement vigilant et ramener notamment tout ce qui est pile, batterie et électronique pour que ces produits soient recyclés dans de bonnes conditions.

Pour aller plus loin, je vous recommande le site d'éducation à l'environnement de l'ONG: http://fr.opencampus.surfrider.eu


Même si vous vous sentez déjà sensibilisés, il faut rester vigilants et attentifs. Comme j'ai coutume de dire, peu importe la quantité, aucune goutte de pluie ne se sent responsable des inondations. Et pourtant...

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Sources:
- ONG Surfrider
-"Le Top 10 des déchets collectés sur les plages", Les Échos (12/04/2016)
Source photo

lundi, 06 octobre 2014

Label MSC (Marine Stewardship Council): droit de réponse

Il y a peu, je faisais le Bilan de la campagne #VenezVérifier de Fleury Michon, notamment sur la pêche du Colin d'Alaska pour la fabrication des surimis. J'ai alors critiqué le label MSC, garant officiel d'une pêche durable, qui venait de labelliser une pêcherie russe, en questionnant le sérieux de la démarche. Le lendemain, l'équipe MCS France me tombait dessus, m'accusant de mauvaise foi et de dénigrement. Je mettais à mal 5 ans de travail en Russie et j'étais bien naïve de croire que le système américain était mieux et sans corruption (heu... drôle de commentaire du MSC sachant qu'il certifie le Colin US!!!). Je n'ai pas apprécié le ton, mais le blog étant un espace d'échange, j'ai offert le droit de réponse ci-après... non sans rappeler quelques précisions au préalable.

 

Car certes, certifier une pêcherie russe devrait normalement inciter d'autres entreprises russes à minimiser leurs impacts pour espérer être labellisées (rentabilité accrue car un nombre grandissant de clients sont demandeurs) - de quoi faire bouger dans le bon sens. Pour autant, mes critiques sont loin d'être infondées et voici pourquoi :

 

1. La réalité écologique de ce label

Les scientifiques critiquant le MSC pointent unanimement du doigt des problèmes de méthodes pour évaluer les stocks, comme ils en témoignent en 2013 dans Nature (une des plus importantes publications scientifiques mondiales) ou NPR (principale radio US non commerciale). Une étude allemande parue en 2012 révèle d'ailleurs que 31% des stocks labellisés dans le monde ne sont pas durables (Source: Nature)! Ouch. De surcroît, l'usage de chaluts (des chalutiers usines sont certifiés!!!) est tout sauf écolo, comme le rappelle Greenpeace (lire mon bilan) - lire aussi l'article paru en 2011 du New York Times.

 

2. Conséquences pour le consommateur

Le système du MSC accepte de certifier sur la foi d'engagements à réaliser sur 5 ans en sus d'un minimum requis (le cas pour la pêcherie russe). Or, labelliser des engagements et non du 100% factuel, c'est leurrer l'acheteur. Imaginez un produit annoncé sans OGM où en réalité, l'agriculteur fait certes pleins d'efforts, mais dispose de 5 ans pour vraiment supprimer toute trace d'OGM. Vous trouvez ça normal? Moi non, tout comme plusieurs chercheurs (lire Alternet ou articles cités au point 1). Entre ça et la controverse sur la durabilité des stocks, la confiance est ébranlée... Alors pourquoi des ONG comme le WWF soutiennent le MSC? Parce que la certification exige malgré tout un certain suivi et certaines pratiques moins impactantes. Et tant pis si mon chalut racle les fonds marins... Sauf qu'un label, c'est une forme d'absolution aux yeux du consommateurs - incapables d'en distinguer les tenants et les aboutissants. Ne pas respecter les objectifs annoncés fait plutôt figure de technique marketing.

 

3. L'éthique du MSC

En 2013, les pêcheries ont demandé au MSC de faire pression sur le WWF Canada pour retirer une vidéo invitant le consommateur à acheter MSC, en montrant les effets environnementaux de gros chalutiers (qui constituent 84% de la flotte certifiée MSC - voir sources ici et ), question d'image. Le MSC a obtenu gain de cause et fait retirer illico la vidéo! Or, déjà en 2010, sur rue89, un chercheur et les Amis de la Terre critiquaient (ou)vertement l'indépendance des sociétés d'audit (problème récurrent au demeurant pour nombre de labels). Le MSC les a vivement retoqués 3 jours plus tard. Rebelote en 2013 lors de la parution d'une étude rassemblant 11 chercheurs accusant le label d'être top conciliant. Retoqués 3 jours plus tard par le MSC (lire leur réponse). Idem pour l'article de la NPR cité plus haut. Retoqué 24h plus tard (lire ici)... comme pour mon article. Je ne sais pas vous, mais cela ressemble à une véritable chasse aux sorcières... 

 

Alors... MSC ou pas MSC?

Soyons honnête, à choisir, je privilégierais un poisson certifié, non en me disant "ouf, c'est durable" (c'est faux), mais parce que faute de mieux, ce label a le mérite d'attester d'un suivi (y compris d'ONG), accompagné de contrôles et contraintes interdisant aux entreprises de faire n'importe quoi. C'est déjà pas mal, même si on reste loin des objectifs annoncés. Mais laissons la parole au MSC.

 

Droit de réponse du MSC à l'article paru sur Gestes Environnement  

[Suite à l'article Bilan de la campagne #VenezVérifier de Fleury Michon], l’équipe du Marine Stewardship Council France (MSC) a contacté son auteure, afin de pouvoir clarifier certaines incompréhensions, actualiser des données, et corriger des erreurs qui auraient pu être évitées par un entretien préalable. Déçus de voir que tout le travail entrepris par nos équipes, par les pêcheurs, les entreprises de produits de la mer et les scientifiques engagés dans le programme MSC pouvait être ainsi déconsidéré et résumé par la simple phrase de l’article « Pour le sérieux du MSC, on repassera », nous nous sommes permis de lui transmettre notre réponse.

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lundi, 15 septembre 2014

BILAN de la campagne #VenezVerifier de Fleury Michon

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D'avril à juillet 2014, j'ai participé en tant que blogueur à la campagne #VenezVerifier de Fleury Michon, visant à démontrer la qualité de son surimi (voir précédents articles ici et ). De la visite des usines de production en Vendée à la pêche du Colin d'Alaska et la fabrication de pains de poissons, j'ai ainsi suivi tout le processus de fabrication, allant même jusqu'à embarquer à bord d'un chalutier. Il est donc temps pour moi de faire le bilan.

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[MàJ 16/09/14]

 

Lorsque la campagne a démarré, j'ai rapidement été interpellée par l'absence d'additif et de colorant dans la recette des surimis de Fleury Michon, se démarquant ainsi d'une grande partie de la concurrence (à commencer par Coraya...). Cette bonne surprise m'a donné envie d'aller plus loin, l'occasion de se pencher sur LA question sensible : le poisson. Confronter la réalité est toutefois loin d'être évident, comme en témoigne cette vidéo que j'ai prise sur le chalutier:

 

 

Certes, le poisson pêché est labellisé MSC (Marine Stewardship Council), sensé garantir une pêche durable ne mettant pas les stocks en danger. Est-ce suffisant? Rien qu'en France, 60.000 tonnes de surimi sont consommés par an, soit 21.000 tonnes de "surimi base" (la pâte de poisson formée à partir des filets et constituant environ 35% des surimis). La marque occupant 25% de ce marché, il faut donc 5250 tonnes de surimi base (soit probablement quelques 10.000 tonnes de poissons entiers) - une bagatelle comparé à la production mondiale d'1 million de tonnes de surimi base (1).

 

Le Colin d'Alaska représente environ la moitié de la production mondiale. Mais pour Fleury Michon, il constitue 90% du poisson utilisé. C'est donc sur lui que je me concentrerai - n'ayant pu observer la pêche du Merlu blanc du Pacifique (les 10% restants). L'analyse portera donc sur les points suivants:

  1. Les garanties du label MSC
  2. Suivi des stocks et gestion halieutique
  3. Les méthodes de surveillance
  4. Les impacts sur l'environnement

 

1. Les garanties du label MSC

Le MSC est un label certifiant la pêche durable, afin de prémunir contre la surexploitation des ressources halieutiques. Né en 1997 à l'initiative du WWF et le groupe Unilever, le MSC certifie aujourd’hui 179 pêcheries dans le monde représentant 7 millions de tonnes de poissons, soit environ 7% des captures mondiales (chiffres 2012) (2).

 

Cependant, le MSC fait régulièrement l'objet de vives critiques, accusé d'être un peu trop conciliant. Une étude en 2013 (3) concluait que les principes du MSC étaient trop indulgents, en permettant une interprétation trop généreuse par les auditeurs - tout en rejetant la plupart des recours des ONG (un mécanisme faisant partie intégrante du processus, mais jamais suivi d'effet). [MàJ du 16/09/14: Le MSC a répondu à ces accusations affirmant que l'objectif de la procédure d’objection était incompris, que certains scientifiques étaient juges et partis, rappelant par ailleurs que 9 objections sur 19 avaient abouti à la révision des rapports et à la mise en place de 13 nouvelles conditions pour les pêcheries concernées. Mais attendez... si les auteurs de l'étude sont à la fois juges et partis, c'est qu'ils connaissent particulièrement bien les procédures et sont les plus à même de les critiquer, non? Or, des ONG comme Greenpeace et Bloom (co-auteurs) perdent rarement leur temps à dénoncer des dysfonctionnements sans fondement...].

 

Or, un échange avec une scientifique de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration - agence américaine responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère) a révélé que le MSC venait récemment de labelliser plusieurs une pêcherie de Colin russe [MàJ 16/09/14] ... qui s'engage à respecter les critères du label, sans qu'aucune preuve ne puisse évidemment être apportée (*) - suivi et transparence russe oblige (on voit les dégâts avec la pêche illégale du crabe royal en Russie)... D'ici quelques temps, le consommateur devrait donc se retrouver à manger du colin russe pseudo labellisé dont il est impossible de vérifier le respect d'une pêche durable.

 

Pour le sérieux du MSC, on repassera. Fleury Michon n'est évidemment pas fautif, mais il convient désormais pour toute entreprise visant à être responsable de s'assurer que leurs fournisseurs puissent attester de leurs pratiques - et ne pas se contenter de la seule apposition d'un label. Cela semble être le cas avec le suivi américain du Colin (lire ci-après). Espérons que Fleury Michon ne sera pas tenté de sitôt à aller voir ailleurs, comme le fait déjà le groupe Iglo.

 

2. Suivi des stocks et gestion halieutique

Le colin d’Alaska (Theragra chalcogramma) vit dans le Pacifique Nord entre 100 et 300 m de profondeur. Il peut vivre 30 ans, atteignant sa maturité sexuelle vers 3-4 ans quand il mesure entre 20 et 50 cm (c'est l'âge à partir duquel il est pêché). Adulte, il peut mesurer jusqu’à 130 cm et peser 18 kg. Se répartissant en une douzaine de stocks distincts, ces derniers sont gérés par les administrations nationales (États-Unis, Japon, Russie, Corée du Nord), voire des commissions internationales quand les stocks chevauchent plusieurs eaux nationales. C'est la première espèce pêchée dans le monde, à raison d'environ 3 millions de tonnes par an ces dernières années contre 7 millions à la fin des années 80 - un déclin qui serait dû, entre autres facteurs, à la surexploitation de certains stocks (4).

 

Le colin reste toutefois régi par des quotas de pêche établis annuellement sur la base de recommandations scientifiques : l'ABC (Acceptable Biological Catch ou prises biologiques acceptables). Aux États-Unis, c'est ensuite le NPFMC (North Pacific Fishery Management Council) qui détermine le TAC (Total Allowable Catch ou total admissible de capture), en dessous ou égal à l'ABC. Si le TAC a chuté ces dernières années, il connait à nouveau une hausse (1,2 millions de tonnes en 2013, 1,75 en 2014 et 1,94 en 2015) (5).

 

Par ailleurs, des limites sont également fixées pour les prises accessoires (des espèces se retrouvant dans les filets bien que n'étant pas la cible des bateaux): les prises accidentelles de saumon notamment sont très contrôlées. Cet été, les prises trop importantes de calmars ont entraîné la fermeture de zones de pêche pour éviter d'atteindre les limites admissibles. Une fois celles-ci atteintes, toute la pêche au colin s'arrête pour la saison, que les pêcheurs aient ou non atteint le quota de colin. Enfin, ça, c'est pour la théorie. J'ai posé la question à des responsables de pêcheries: ils m'ont affirmé que ces limites n'avaient jamais été atteintes (donc, la pêche n'a jamais stoppé). Doit-on remercier des techniques de pêche ultra perfectionnées ou des limites trop élevées?

 

Il faut reconnaître cependant que le colin a la particularité de vivre en très larges bancs. De ce fait, aidé également par des filets adaptés laissant d'autres espèces s'échapper, 99% des prises sont du colin, ce qui évite un gâchis énorme (en moyenne, les prises accessoires sur le volume global
mondial pêché est de 8%, mais peut atteindre 95% pour les crevettes tropicales... une honte)(6). Nous l'avons vu sur le chalutier, sur deux chaluts remontés, le colin s'étalait à perte de vue, les autres espèces étaient très rares. D'ailleurs, les bancs de colin sont parfaitement reconnaissables sur les écrans de contrôle des chalutiers, comme en attestent ces captures d'écrans. Cela permet de jeter les filets au meilleur moment.

 

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Enfin, des zones ont été établies, où la pêche est strictement interdite, notamment une petite bande de quelques kilomètres le long des côtes, mais aussi des parcs nationaux et des réserves (accéder à la carte) qui servent de refuge à la vie sauvage, tout particulièrement les lions de mer.

 

3. Les méthodes de surveillance

Dès lors que des quotas sont fixés, le déclaratif ne suffit pas et des contrôles constants sont effectués par des observateurs fédéraux. Ce sont des scientifiques diplômés en biologie marine, recrutés par un petit groupe d'agences assermentées pour le compte de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Chaque bateau partant en mer embarque obligatoirement un observateur fédéral, présent tout au long de la remontée des filets.

 

Ce dernier prélève des échantillons de poissons (cf. photo de droite en tête d'article) qui sont pesés et mesurés et les prises accessoires sont répertoriées. Un observateur ne passe jamais plus d'une saison à bord d'un même bateau (2 saisons par an, de janvier à avril, puis de juin à octobre), pour éviter tout "copinage", la corruption étant par ailleurs lourdement condamnée. J'imagine déjà la tête de nos pêcheurs français si des observateurs étaient imposés systématiquement à bord!!!

 

Par la suite, un autre observateur est présent lorsque le poisson est débarqué à l'usine. Dans celle que nous avons visitée, les prises accessoires triées ensuite des tapis roulants atterrissaient dans des bacs dont le contenu était on ne peut plus visible de l'extérieur. N'importe quel observateur peut y jeter un coup d'oeil...

 

Des tableaux de suivi, bateau par bateau, espèce par espèce sont diffusés pour suivre l'état des prises quotidiennement. Chaque pêcherie peut donc gérer ses quotas et donner des directives à sa flotte qui sortirait de la moyenne, mettant en péril le reste de la saison. Franchement, sur cet aspect, c'est très certainement bien plus sérieux qu'en Europe.

 

4. Les impacts sur l'environnement

Est-ce vraiment durable de pêcher un million de tonnes de poisson chaque année (rien qu'aux US)? Nous pourrions croire que les quotas sont ajustés de manière à préserver la manne... Pourtant, certaines ONG ne l'entendent pas de cette oreille, Greenpeace en tête, mais aussi l'aquarium de Monterey (Californie), à l'origine de Seafood Watch, un des plus vastes programmes de sensibilisation à la pêche durable dans le monde.

 

Ainsi, si l'aquarium reconnaissait que le colin d'Alaska était généralement bien géré, des questions subsistaient sur l'état des populations (qui ont connu un déclin depuis 20 ans) et les impacts des chaluts. En effet, bien que les pêcheries n'utilisent dans la mer de Béring que des filets d'eaux moyennement profondes, il est estimé que ces chaluts touchent les fonds marins 44% du temps. Étonnamment, j'ai du recourir au cache de Google (permettant de rendre visible d'anciennes pages) pour retrouver ces données citées dans plusieurs articles parus en 2013, mais qui ont désormais disparu du site de Seafood Watch.

 

En raclant les fonds marins, les filets endommagent les éponges et les nombreux coraux d'eaux froides, d'autant plus fragiles que leur croissance est très lente (4 à 25 mm/an). En 2007 et 2012, Greenpeace a d'ailleurs mené plusieurs expéditions dans la mer de Béring, entre l’Alaska et la Russie, pour filmer les profondeurs et les canyons Zhemchug et Pribilof, les plus grands canyons sous-marins du monde. L'ONG a ainsi révélé l’existence d’une faune incroyablement diversifiée, qui reste extrêmement vulnérable face à la surpêche dans cette région du globe, comme le montre ce petit reportage de LinkTV.

 

 

L'ONG estime que 73 tonnes de coraux sont réduits en miette chaque année dans la mer de Béring et les Îles Aléoutiennes (7), proposant alors la mise en place d’une zone protégée autour de ces deux gros canyons pour servir de pépinière de jeune poissons et contribuer au repeuplement des fonds marins - sachant que seuls 4% des colins y sont pêchés. En avril dernier, l'ONG a été déboutée de sa demande. La NOAA estime que "des zones entières de ces grands canyons n'abritent quasiment pas de coraux tandis que de larges zones en dehors de ces périmètres en sont très riches. Si le but est de protéger ces habitats sensibles, il y a sans doute de meilleures façons de le faire que de fermer tout simplement l'accès de ces canyons à la pêche" (8). Si Greenpeace dit vrai, à savoir que seul 4% du colin y est pêché, cela semble plus subtile de protéger ces zones que recourir aux "meilleures solutions" de la NOAA que personne ne propose au demeurant pour l'instant...

 

Enfin, il persiste des inquiétudes sur le rôle de la pêche et le déclin des lions de mer de Steller, désormais très protégés, mais qui se nourrissent notamment de colin. De gros efforts ont été fait à ce niveau depuis 10 ans, avec la mise en place de zones interdites de pêche - mais des études plus poussées sont nécessaires pour comprendre toute la chaîne alimentaire et la façon dont la pêche peut impacter à différents échelons.

 

Et Fleury Michon dans tout cela?

Nous pourrons toujours argumenter sur les quantités pêchées, Fleury Michon n'est qu'un pion sur un échiquier où seul le consommateur joue en décidant de l'espèce qu'il consomme et en quelle quantité. A se plonger au coeur du monde de la pêche, tout n'est pas si simple. Du gâchis plus ou moins important selon les espèces à la surveillance du bon respect des quotas, des techniques utilisées à la transparence des données, il y a une hétérogénéité mondiale épouvantable et totalement opaque.

 

Échelle industrielle pour échelle industrielle, mieux vaut que l'entreprise s'en remette au Colin après tout. Quitte à manger du poisson, sans doute vaut-il mieux au final opter pour un poisson très surveillé, qui génère très peu de gâchis, à la condition qu'il soit pêché dans les eaux américaines et non russes (zéro confiance sur le suivi), en comptant sur la vigilance d'ONG comme Greenpeace pour identifier les zones les plus sensibles et faire pression pour les protéger.

 

Je rappelle qu'en 2010, la quantité de thon rouge de l'Atlantique Est négocié sur le marché mondial dépassait le quota légal de 141 % (9) et, d'une manière générale, les pêcheurs européens semblent incapables de respecter le moindre quota, quelles que soient les espèces. Ce n'est d'ailleurs qu'en 2013 que l'Union Européenne a pondu dans la douleur un accord contre la surpêche... qu'il reste à faire respecter.

 

Et si le consommateur commençait par devenir plus raisonnable sur les quantités qu'il absorbe, en acceptant d'y mettre le juste prix?

 

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Pour aller plus loin:
Un livre a vu le jour sur les enjeux de la pêche du Colin d'Alaska, je ne l'ai pas lu mais voici ses références: Kevin M. BAILEY (2013) "Billion-Dollar Fish: The Untold Story of Alaska Pollock", University Of Chicago Press, 288 p.

 

Sources:
(1) Guide des espèces 2013, Alliance Produits de la Mer
(2) Source: Association Bloom
(3) "A review of formal objections to Marine Stewardship Council fisheriescertifications", C. Christiana,  D. Ainleyb, M. Baileyc, P. Daytond, J. Hocevare, M. LeVinef, J. Nikoloyukg, C. Nouvianh, E. Velardei, R. Wernera, J. Jacquet, Biological Conservation 161 (2013) p.10-17
(4) Fiche espèce: le colin d'Alaska,
(5) Council motion – GOA Groundfish harvest specifications (pdf qui s'ouvre), NPFMC
(6) "Guide pour la réduction des prises accessoires dans la pêche au chalut des crevettes tropicales", FAO (2009)
(7) "Is it time for Bering Sea Canyon Marine Protected Areas yet?", Greenpeace (8 avril 2014)
(8) "Canyons, Corals, and Sustainable Fishing in the Bering Sea", NOAA (juin 2014)
(9) "Le thon rouge de Méditerranée souffre plus que jamais de surpêche et de fraudes", Notre Planète info (oct. 2011)
(*) [MàJ 16/09/14] Je cite, sur le communiqué de presse du MSC:"Lors de l'évaluation, l’organisme de certification a identifié huit plans d’actions que la pêcherie devra accomplir durant la période de certification et qui permettront notamment de renforcer son programme de surveillance et d'observation". On est donc bien dans les engagements. Pas des pratiques déjà en cours...

jeudi, 12 juin 2014

Tout va bien, je suis dans un radeau de survie!

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En avril dernier, j'annonçais participer à la campagne #VENEZVERIFIER de Fleury Michon, invitée en tant que blogueur à décrypter le processus de fabrication de son surimi. Après la visite de l'usine de fabrication en Vendée, la campagne va bientôt s'achever à bord d'un chalutier en Alaska où 5 blogueurs sélectionnés remonteront jusqu'à la source : la pêche du poisson. En préparation à cette dernière étape, Fleury Michon a organisé un stage de survie en mer sous la houlette de la Société Nationale de Sauvetage En Mer (SNSM) - des gens extraordinaires. 

 

La SNSM, quézako?

Association reconnue d’utilité publique, la SNSM réunit 7000 bénévoles (opérationnels et cadres) et une poignée de salariés répartis dans 221 stations de sauvetage en France métropolitaine et outre-mer, 273 postes de secours sur les plages et 31 centres de formation.


Le jour où vous vous noyez ou que votre bateau coule, c'est eux qui viennent vous secourir.

Mais oubliez illico les images d'Alerte à Malibu (je parle du matériel high tech flambant neuf, bien sûr). Près de 75% des financements de l'asso reposent sur des fonds privés. Même le véhicule venu nous chercher était subventionné par Les Mousquetaires! Il est choquant d'apprendre que contrairement aux pompiers volontaires indemnisés, les bénévoles de la SNSM ne touchent pas un kopeck. Trouver des recrues devient un tour de force pour gérer des centres de sauvetage 7j/7, augmentant les contraintes sur chacun, rendant le recrutement encore plus dur. La boucle est bouclée.

Or, aucune alternative financée par l'État n'existe tandis que la SNSM doit perdre son temps à courir après des fonds pour survivre... elle qui veille précisément à notre survie, c'est un comble!

Les chaussures pour nager, c'est pas le pied...

Tout a commencé par une belle matinée ensoleillée avec une petite troupe de blogueurs encadrés par la formidable équipe de la SNSM du Havre. Après un démarrage "en douceur" (200m nage libre puis 50m nage chronométrée...), nous enchaînons avec un 50m chrono tout habillé. Ben oui, vous tombez rarement d'un bateau en bikini.

Je vous invite à tenter l'expérience : oubliez tout ce qu'on vous a appris, vos jambes ne servent plus à rien. Vraiment. Seuls vos bras vous font avancer, c'est déroutant et l'énergie décline rapidement (1).

Comment ressembler à un surimi géant

Un déjeuner plus tard, nous partions en vedette, après avoir enfilé une combinaison de surimi géant survie, arnachés tels des casimirs en gants de cuisine moufles. C'est la que la torture l'exercice a commencé. Le bateau stoppé en travers au large (histoire de prendre tous les creux de vague à l'arrêt), nous avons été conviés à descendre dans la cale pour taper la causette... enfermement et ballotement, l'idéal pour le mal de mer. Certains surimis sont devenus livides... Puis nous sommes remontés sur le pont, en nous demandant quelle mouche nous avait piqués de venir à ce stage.

A bord du radeau de la Méduse survie

Après le lancement d'une valise blanche de 30kg qui s'ouvre d'un coup de tirette, déployant le radeau en une fraction de secondes, restait plus qu'à sauter du pont et nager jusqu'à lui, habillé en casimir. Il faut dire que la combinaison est hallucinante: plutôt légère, on reste au sec, isolé du froid, en flottant comme une bouée. Le hic est que... nager est une autre paire de moufles manches. Sur le dos (obligatoirement puisqu'on flotte), seuls les bras permettent de se mouvoir, avec la sensation (bien réelle) de faire du surplace - voire de reculer. Puis il faut se hisser à bord. Sans impulsion ni appui (hormis une sangle ballotant sous l'eau), mieux vaut en avoir dans les bras et les jambes !

Viennent alors les joies d'être enfermé assis dans un truc qui pue le plastique, subissant chaque creux de vague en dérivant au large. Comment vous dire... pas un blogueur ne s'en est sorti indemne, finissant au minimum barbouillé. Sans surprise, la 1ère règle inculquée à bord (après avoir détaché le radeau du bateau) est de prendre un comprimé contre le mal de mer (présent dans le kit de survie en sus de l'eau, la nourriture, nécessaire de pêche, pharmacie et... jeu de cartes).

Après un temps paraissant interminable, il était temps de regagner le bateau revenu nous chercher (je vous rassure, 3 sauveteurs étaient en permanence avec nous). Histoire de ne pas être séparés, nous avons fait la chenille sur mer en calant nos pieds sous les aisselles du suivant. Épique...

Terre, que je t'aime...

Après être remontés sur la vedette, direction la bonne vieille terre ferme. Ouf. J'ai bien tenu le choc, même si l'odeur de plastique du radeau n'a vraiment pas aidé. Pourtant, malgré la fatigue et le côté sadomaso de la journée, aucun d'entre nous ne regrette. Comme disent les sauveteurs, ce type de stage fait prendre conscience de la dangerosité de la mer et notre vigilance n'en ressort qu'accrue. C'est inouï que l'exercice ne soit pas obligatoire pour les plaisanciers!

On se sent si petit et fragile en mer... aussi courte soit-elle, cette journée s'est révélée une belle aventure humaine et la gentillesse des sauveteurs du Havre y était pour beaucoup. Merci à eux, merci à Fleury Michon pour avoir rendu cela possible.

Bon et bien... il ne reste plus qu'à espérer être sélectionnée pour la dernière étape (mais sans mise en pratique du radeau en plein Pacifique, SVP merci).

 

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(1) Dans certains pays comme les Pays-Bas, apprendre à nager habillé fait partie du cursus scolaire.

jeudi, 12 septembre 2013

PlanetSolar, le plus grand bateau solaire visible à Paris!

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Le MS Tûranor PlanetSolar est le plus grand bateau solaire du monde: 100 t, 23 m de large, 35 m de long et 512 m² de panneaux solaires lui ont permis de faire le tour du monde entre 2010 et 2012. Sous pavillon Suisse, soutenu par de multiples partenaires dont l'université de Genève, le PlanetSolar est reparti en 2013 pour mener une expédition scientifique dans l’Atlantique avec Gérard d'Aboville comme capitaine. Depuis mardi et jusqu'au dimanche 15 septembre, le bateau est amarré au quai André Citroën (en face du parc) où petits et grands peuvent l'admirer.


L'expédition scientifique

L'objectif de la campagne 2013 était d'étudier les aérosols dispersés par les embruns à l'interface océan/atmosphère le long du Gulf Stream, ce courant considéré comme le régulateur essentiel du climat européen et nord-américain, afin de mieux comprendre les processus climatiques et anticiper les changements. Ces aérosols sont des particules relâchées par les eaux, constituées de microorganismes marins, de sels et d'éventuels éléments chimiques. Les données ont été mesurées avec la Biobox, développée par le Groupe de physique appliquée de l’Université de Genève. L'intérêt d'un bateau solaire est évident car aucune pollution n'est émise qui pourrait biaiser les mesures.

 

Les premiers résultats de cette campagne devraient être diffusés vers la fin de l'année mais d'emblée, l'équipe scientifique a été surprise des quantités d'aérosols mesurées, bien supérieures aux prévisions. Cela pourrait leur conférer un rôle important (les particules peuvent, par exemple, être à l'origine de la formation de nuages) - sans que nous n'ayons cependant une idée des effets pour l'instant. Sans doute faudra-t-il alors en tenir compte dans les modélisations du climat et ses évolutions.

 

En savoir plus: www.planetsolar.org

mardi, 08 novembre 2011

Concours: 4 places à gagner pour le spectacle "Dernière nouvelles de la mer"

environnement,biodiversité,concours,océan,animaux,nature,loisir[Le concours est désormais terminé. Le gagnant est Bedin]

 

Gagnez 4 places (un lot) pour assister aux "Dernières Nouvelles de la mer", un spectacle de marionnettes grandeur nature mettant en scène Armande, la tortue caouanne, Sam, le requin et inspecteur poète, et Lotta, la lotte épineuse. Nos trois héros enquêtent sur la disparition des espèces marines et abordent les grands enjeux environnementaux: surexploitation des ressources marines, destruction du milieu naturel et pollutions - autant de thèmes permettant de sensibiliser le jeune public (6-11 ans) et probablement les parents à la défense de la biodiversité marine. Il est produit par la Compagnie Et demain, en association avec l'association Bloom. Les représentations ont lieu jusqu'au 31 décembre au Théatre de Belleville (94 rue du Faubourg du Temple - 75011 Paris) suivant deux formes: des représentations grand public ouvertes à tous les mercredi et dimanche à 14h (mardi au dimanche à 14h durant les vacances scolaires) et des représentations dédiées aux scolaires du 10 novembre et le 9 décembre. Durée du spectacle : 1 heure. Tarifs 9€ pour enfants / 13€ pour adultes.

 

Comment jouer?

Le concours se déroule du 8 au 18 novembre. Pour jouer, il suffit de répondre aux 3 questions suivantes en commentaire ci-dessous (n'oubliez pas de rentrer une adresse mail valide pour que je puisse vous contacter). Le gagnant sera tiré au sort parmi les commentaires reçus. Le règlement complet du concours est téléchargeable ici.

 

Répondez aux 3 questions:

L'Hirola, le Sapajou blond, le Loup rouge, le Dendrolague doré et le Grand Hapalémur sont tous des mammifères classés comme étant en danger critique d'extinction par l'UICN.
1. Parmi ces 5 espèces, en connaissiez vous? Si oui, lesquelles?
2. Avez-vous déjà entendu parler de l'UICN?
3. Que vous connaissiez ou non l'UICN, la notion d'espèces classées en "listes rouges" vous est-elle familière?

lundi, 22 août 2011

Plongée au fond des océans

Aujourd'hui, je vous invite à une promenade un peu particulière... au fond des océans. A plusieurs centaines, voire milliers de mètres sous la surface, dans une obscurité absolue où la température est glaciale (moins de 2°C) et la pression colossale (équivalent au poids d'une voiture sur votre doigt), la vie grouille. Je vous invite à voir l'infographie en bas de cet article pour mieux comprendre la profondeur dont je parle.

 

Pourtant, l'homme connait bien mieux l'espace et les recoins de la Lune que les abysses. Imaginez: 95% des fonds marins restent inexplorés. Chaque plongée est un fourmillement de nouvelles espèces toutes plus inimaginables les unes que les autres.

 

Ce monde me fascine, je ne l'ai malheureusement découvert que très tard, grâce à un documentaire époustouflant de la BBC il y a environ 10 ans, à la fin de mes études (mis à jour en 2006 et dispo en DVD). Je pense honnêtement sinon que je me serais spécialisée dans l'étude des créatures des grands fonds. Loin de l'image de certains poissons abyssaux aux faces monstreuses (tels que la baudroie), qui a-t-il en effet de plus magique qu'un Cténophore luminescent qui illumine les profondeurs obscures d'arcs-en-ciel irridescents?  Quand je regarde ces images ci-dessous, je reste émerveillée et je vous invite à les découvrir...

 

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mardi, 04 août 2009

Des océans... de plastique

Une partie de nos déchets se retrouvent dans la mer, s'accumulant dans les océans, portés par les courants marins. Le plastique, qui ne se dégrade pas, s'amoncèle, se fragmente. Les sacs sont avalés par des tortues, qui les prennent pour des méduses et étouffent. Les packs de bières étranglent les oiseaux, les capsules qui brillent attirent les animaux friants de petites poissons dorés. Tandis que dans nos foyers nous cachons prestement médicaments, produits d'entretien et autres boutons à la vue de nos chers bambins, beaucoup n'hésiteront pas à jeter une bouteille négligeamment ou un mégot de cigarette dans le sable.

 

Pour ceux qui comprennent l'anglais, je vous invite à écouter (et voir) le discours de Charles Moore, de la Algalita Marine Research Foundation qui a été le premier à mentionner l'existence d'un vortex de déchets flottant dans le Pacifique (il est possible de mettre les sous-titres en anglais, cela peut aider, + quelques autres langues - le français n'étant pas encore dispo).

 

 

En effet, selon des observations et un suivi menés par la Fondation depuis plus de 10 ans, des déchets s'accumuleraient sous l'effet des courants marins dans deux zones centrales, les "Plaques de déchets du Pacifique est et ouest". Si la taille avancée de ce vortex (de 600.000 à 3,5 millions de km², soit un tiers de l'Europe) reste contreversée (il demeure invisible de l'espace ou du ciel), il reste que quand on sait qu'en hélico, on peine à voir des gros sièges d'avions colorés qui dérivent, ne pas voir des petits morceaux de plastiques flottant à 2cm au dessus de la surface n'a rien d'extraordinaire...

 

Pour voir une animation du vortex, cliquez sur le lien: trash_vortex.swf

 

Greenpeace dénonce activement ce problème, estimant au passage que sur les 100 millions de tonnes de plastique produits chaque année, près de 10 % finissent dans les océans, tuant près d'1 million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins chaque année.

 

Alors la prochaine fois que vous ou l'un de vos proches songez à jeter du plastique dans l'eau (rivière ou mer, même combat) ou dans une poubelle où le moindre coup de vent enverra tout balader (c'est fréquent en bord de mer), ne le faites plus.

 

Pour en savoir plus, je vous invite à lire:
- "Un continent gigantesque de déchets se formerait dans le Pacifique Nord", Notre-planète (mis à jour le 1 janv. 2008)
- "Un peu plus de 600 000 km2 de déchets flottants", Greenpeance (8 fév. 2008)

 

 

lundi, 17 décembre 2007

Du poisson labellisé

MSC

Les ressources halieutiques (produits de la pêche) sont en déclin, près de 75 % étant pleinement exploitées, surexploitées ou carrément quasiment épuisées (source: FAO). Tandis que les ONG (suite à un rapport alarmant du WWF) exigeaient un moratoire ces pêches de thon rouge en méditerranée - espèce gravement menacée d'extinction, les pêcheurs (défendus par l'ICCAT, la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique) ont refusé, craignant de perdre de nombreux emplois. Peu importe si tout ce qu'ils risquent est de réitérer la douloureuse expérience de leurs homologues canadiens: quand en 1992 les stocks de cabillaud (ou morue) des côtes de Terre Neuve s'effondrèrent complètement, 30 000 pêcheurs ont perdu leur job. Malgré de lourds efforts pour reconstituer les stocks, le cabillaud n'est pas revenu.

Pour cette raison, le WWF lance une campagne "Pour une pêche durable", incitant les consommateurs à adopter ces quelques gestes, tout en choisissant les espèces consommées avec soin:

  1. Consommez modérément les produits de la mer
  2. Variez les plaisirs
  3. Préférez les produits de la mer issus de la pêche sélective et préservatrice de l'environnement. Posez des questions concernant les méthodes de pêche à votre poissonnier. Préférez la ligne ou le casier au chalut de fond
  4. Evitez les poissons pouvant provenir de pêche illégale ou portant préjudice aux populations des régions d'où ils proviennent (le thon rouge, la crevette de pêche tropicale ou la sole tropicale en font partie)
  5. Evitez d'acheter des poissons lors de leur période de reproduction (qui peuvent être capturés plus facilement, rendant leur survie problématique)
  6. N'achetez pas d'espèces en danger imminent d'extinction (thon rouge, cabillaud ou morue, espèces de grands fonds: empereur, sabre, grenadier, siki, saumonette)


Pour vous aider, un guide (en .pdf) est téléchargeable

J'ajouterai à leur liste quelques espèces additionnelles à éviter*

Poissons à éviter car :

Surexploités et classés en tant qu’espèces menacées d’extinction par l’UICN (liste rouge mondiale) :
- Mérou
- Eglefin (ou Haddock) (classé par le WWF comme à consommer avec modération)
- Marlin blanc

Surexploités et classés en tant qu’espèces « vulnérables » ou « en danger » par l’UICN :
- Morue (ou Cabillaud)
- Saumon du Pacifique (indiqué comme à privilégier par le WWF... là, je ne suis pas du tout d'accord, la plupart des espèces de Saumon du Pacifique étant en danger d'extinction).

Stocks surexploités :
- Carrelet (ou plie canadienne)
- Julienne (indiqué avec modération par le WWF)
- Roussette
- Lotte (indiqué avec modération par le WWF
- Esturgeon

Données insuffisantes (donc à éviter en attendant d’en savoir plus) :
- Moustelle blanche

Exploitation détruisant des habitats (ex. Coraux) ou d’autres espèces (ex. Dauphins)
- Grenadier
- Perche
- Sprat

Poissons à privilégier en dehors de période de reproduction (= date entre parenthèse) et taille minimum pour la consommation) :
- Tacaud (mars-avril, 20 cm)
- Dorade grise (éviter en avril-mai, 20 cm)
- Clams, Coques, Moules, Huîtres communes, Pétoncles, Coquilles Saint-Jacques
- Bigorneaux (janvier-avril)
- Lieu (40 cm)
- Seiche (indiqué avec modération par le WWF)
- Limande (avril-juin, 27 cm)
- Flet (février-mai, 30 cm)
- Grondin gris ou bleu (avril-fin été, 20 cm)
- Hareng (janvier-avril, 20 cm)
- Lieu jaune (50 cm)
- Maquereau (mai-juillet, 30 cm)
- Rouget (mai-juillet, 24 cm) (WWF: avec modération)
- Truite (octobre-janvier)
- Merlan (mars-avril, 30 cm) (WWF: avec modération)

Marine Stewardship Council MSCPrivilégiez, dès que vous le voyez, le label MSC (Marine Stewardship Council). Comme le FSC (bois labellisé), le MSC atteste d'une pêche plus respectueuse de l'environnement et de la biodiversité.

Encore trop rare, il prend petit à petit son essor et c'est le seul label digne de ce nom pour la certification de produits marins.

Je sais bien que toutes ces recommandations ne sont pas faciles à respecter. Mais en faisant simplement un effort de temps à autre (ex. choix des espèces, taille du poisson, provenance, label...), vous aurez d'emblée apporté votre pierre à l'édifice. C'est déjà pas mal.

* En ajoutant des données de l'UICN (listes rouges mondiales) plus complètes.

Sources:
- Ressources halieutiques, FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture)
- "Coup de grâce pour le thon rouge", WWF (19 nov. 2007)

vendredi, 09 septembre 2005

Prospection pétrolière offshore

Imaginez des détonations sonores de 200 dB toutes les 10 secondes (un marteau piqueur, c'est 110 dB, un réacteur d'avion, 130 dB). Les ondes se propagent du navire de prospection jusqu'aux fonds marins, soit plusieurs km en dessous, les impacts se faisant ressentir jusqu'à 100km à la ronde (rappelez vous que les ondes sonores se propagent bien mieux dans l'eau).

Insupportable me direz-vous. Il suffirait de quelques plongeurs passionnés ignorant un tel passage de navire et c'est la surdité instantanée assurée, voire des séquelles encore plus graves au vu d'une telle fréquence. Il n'est donc pas difficile de concevoir que ces effets soient tout aussi négatifs sur la faune environnante: mortalité, surdité, stress, altérations comportementales, fuites plus ou moins durable de la zone prospectée...

Or, la demande mondiale en pétrole explose, il faut sans cesse trouver de nouveaux gisements et les eaux territoriales françaises sont donc fortement sollicitées. Il y a une raison simple à cela: outre l'étendue de notre patrimoine maritime, l'Etat français ne taxe pas l'exploitation pétrolière en mer... une véritable exception culturelle française où nous sommes devenus les Iles Caïman du pétrole!!! De plus, aucune étude d'impact n'est réclamée pour la délivrance d'un permis. Un vrai paradis pour les grandes compagnies pétrolières. La Guyane a déjà accordé des autorisations et les tortues luth en voie d'extinction n'ont qu'à bien se tenir.

Nous ferions bien de nous inspirer de l'initiative du Costa Rica. En 2002, le pays a décidé de stopper les pratiques de prospection sismique, au non du respect du littoral après un véritable débat national et concertation des populations locales. Un permis américain fut même rétrospectivement rejeté par le Ministre de l'Environnement.

Un bel exemple à suivre, n'est-ce-pas Madame la Ministre?

Je vous invite à lire le rapport de l'UQCN (Union Québécoise de Conservation de la Nature) sur "les impacts environnementaux de l'exploration pétrolière" dressant un véritable état des lieux.